Thomas le Rhymer 
de son vrai nom Thomas Learmonth d'Erceldoune, est un prophète et un poète écossais du XIIIe siècle.

Armanel - conteur

Thomas est né à Erceldoune (actuellement Earlston), sur la frontière écossaise.
Il a la réputation d'être l'auteur de nombreux vers prophétiques.
Sa vie est mal connue, mais le souvenir de Thomas a survécu des siècles après sa mort. La réputation de ses pouvoirs surnaturels a même, pendant un temps, rivalisé celle de Merlin l'Enchanteur : Il aurait prédit nombre de grands événements dans l'histoire écossaise, comme la mort d'Alexandre III d'Écosse.

On connaît plusieurs variantes de l'histoire de Thomas Rhymer, qui partent toutes d'un même thème de base. Elles racontent que Thomas aurait embrassé la reine d'Elphame  et qu'il est allé avec elle au royaume des fées. Thomas aurait demeuré dans le château jusqu'à ce qu'il retourne dans le monde des mortels, où il se serait alors rendu compte que sept années s'étaient écoulées.
La reine aurait offert À Thomas de devenir harpiste ou prophète, et il aurait choisi « prophète ». Après un certain nombre d'années, Thomas serait retourné au royaume des fées, d'où il ne serait jamais revenu.


Thomas le rimeur et la reine des elfes

Berwickshire

Aimeriez-vous pouvoir prédire l'avenir? 
Et si vous étiez capable de dire la vérité : Pensez-vous que les gens voudraient entendre ce que vous avez à dire ? 
Eh bien, ce choix a été donné à un jeune écossais au 13ème siècle. Il est devenu le plus grand prophète d'Écosse, aussi connu sous le nom de "True Thomas" ou "Thomas the Rhymer". Mais comment Thomas a-t-il hérité de ces dons ? C'est une histoire des plus étranges.

Thomas est né vers 1220 et vivait près d'Ercildoune (Earlston dans le Berwickshire). Thomas aimait les livres, la musique et la poésie, ce qui était assez rare à cette époque, et aimait se coucher sous un arbre pour jouer de son luth ou trouver l'inspiration pour son travail. Près de chez lui, il y avait un bosquet d'arbres sur les rives du Huntly Burn. 

Un beau jour de mai, alors que le jeune Thomas était allongé sous son arbre, à écouter les oiseaux, il aperçut une belle femme montée sur un gracieux cheval gris pommelé. Elle était vêtue de soie et de velours verts et cinquante neuf grelots d'argent, qui égrenaient une musique mélodieuse, étaient fixés dans la crinière de son cheval. Sa selle était en ivoire pure sertie de pierres précieuses et la bride du cheval était en or pur. Une corne pendait autour de son cou et à sa ceinture se trouvait un carquois remplis de flèches.

Thomas s'inclina devant la belle dame en se disant qu’elle devait être la Reine du Ciel car il n’avait jamais vu de femme si belle sur terre. Elle lui a répondu qu'elle n'était pas la reine du ciel mais la reine des fées. Thomas a été ébloui par sa beauté. Le jeune Thomas savait qu’il était dangereux pour les humains de s’approcher des fées, mais il lui a proposé de venir le rejoindre sous son arbre. Il a voulu l'embrasser sous son arbre préféré, même si elle l'a averti qu’il serait alors en son pouvoir.

Ils se sont embrassés et aussitôt, elle s’est transformée en vieille mendiante ; sa beauté a disparu et ses vêtements se sont transformés en haillons. Alors la reine des fées a dit à Thomas qu'il devait la servir pendant sept ans à travers la richesse ou le malheur. Ensuite la reine des fées remonta à cheval et lui ordonna de monter derrière elle. Thomas s’est rendu compte qu'il était forcé d'obéir à son ordre.

Ils galopèrent vers les collines d'Eildon, qui s'étendaient devant eux et ils entrèrent dans des cavernes qui s’ouvraient sur le centre de la terre. Thomas aurait bien voulu sauter à terre ; mais le cheval galopait si vite qu'il semblait être plus rapide que le vent. 

Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, ils chevauchèrent dans les ténèbres. Il n'y avait ni soleil ni lune, juste le rugissement de la mer, au loin. Parfois, ils pataugeaient dans des flots de sang rouge. Car tout le sang versé sur la terre coulait par les sources des pays qu'ils traversaient.

Enfin, ils arrivèrent en face d’un beau jardin rempli d'arbres fruitiers. Thomas avait très faim et voulait manger des fruits mais la reine l'a averti de ne pas y toucher, car ce verger était maudit. S'il mangeait du fruit, dit-elle, son âme irait en enfer. A la place, elle lui offrit du pain et du vin.

Pendant qu'ils se reposaient, la reine des fées demanda à Thomas de poser sa tête sur ses genoux. Thomas lui obéit et il eut trois visions merveilleuses. :

_ La première vision était celle d'une route étroite et difficile, bordée d'épines et de ronces. C'était, disait la reine des fées, le chemin du bien, qui mène à la sagesse, un chemin que peu empruntent.
_ La deuxième vision était celle d’un large chemin où fleurissaient roses et lys au bord du chemin. C'était, disait la reine des fées, le chemin facile de la méchanceté, même si certains pensaient que c'était le chemin du paradis. 

_ La troisième vision était celle d’une belle route verte qui serpentait entre des clairières rocheuses boisées. De petites chutes d'eau coulaient sur les rochers et scintillaient au soleil. C'était, disait la reine des fées, la route vers les terres féeriques, où jamais aucun humain n’avait mis les pieds avant lui mais où ils allaient se reposer cette nuit-là.

Ils remontèrent à cheval et ils chevauchèrent jusqu'à ce qu'ils arrivent devant un beau château qui se dressait sur une haute colline. Avant d’entrer dans le château, la reine des fées avertit que le seigneur qui vivait là était servi par de nombreux chevaliers et qu’il ne serait pas content s’il apprenait que Thomas avait eu l'audace d'embrasser sa femme. Tout ce que Thomas avait à faire était de se taire et de ne répondre qu'à la reine des fées elle-même. S'il ne le faisait pas, dit-elle, il ne retournerait jamais dans son pays.

Soudain, la reine reprit sa beauté ; ses vêtements devinrent aussi verts que les feuilles du printemps, et un manteau de velours pendait autour de ses épaules. Ses yeux brillaient et ses longs cheveux noirs captaient la brise et la lumière. 

Alors Thomas baissa les yeux et vit qu'il était lui aussi vêtu d'un beau costume de tissu vert, et qu'il avait aux pieds une paire de chaussures en velours vert. La dame souffla dans sa corne une note claire et forte et se dirigea vers la porte du château.

Toute la cour s'agenouilla devant la reine. Thomas la suivit et les Chevaliers se pressèrent autour de lui pour lui demander des histoires de son pays. Mais Thomas resta silencieux. À l'intérieur du château, la grande salle était préparée pour le festin et les divertissements. De belles dames et des chevaliers dansaient joyeusement sur la musique endiablée des harpes et des luths.

Pendant sept ans, Thomas a servi la reine dans ce pays étrange et magique. Tous les matins, il se levait puis il vivait des aventures et des expériences si extraordinaires qu’il ne voyait pas le temps passer. Il sembla à Thomas qu'à peine plus de trois jours s'étaient écoulés, lorsque la reine des fées vint vers lui et lui dit qu'il devait partir. 

_ « Il est temps que tu partes Thomas, si tu veux revoir un jour ton château d'Ercildoune.

_ «  Mais je croyais que je devrais rester ici sept ans, et je n’y suis que depuis trois jours. »

_ «  Tu crois que tu n’as passé que trois jours, mais sept années se sont écoulées Et tous les sept ans, un être diabolique vient au château. Le temps était venu, où il faut rendre hommage à cet esprit maléfique qui viendra réclamer sa proie. Et comme il déteste les humains, c’est certainement toi Thomas qui est susceptible d'être choisi. Je vais donc te ramener vers le monde des humains ».

La reine a ramené Thomas à la frontière de son propre monde. Thomas était triste quand il a quitté le royaume des fées. Avant qu'il ne parte, la reine des fées a arraché une pomme d'un arbre et l'a donnée à Thomas. 
_ « Voici ton salaire pour ces sept années passées près de moi ; si tu manges cette pomme ta langue ne pourra plus jamais mentir. »

Puis elle lui a dit de choisir entre devenir un grand harpiste ou un grand prophète. Thomas a préféré devenir un prophète car, disait-il, «  l’art de la harpe peut s’apprendre seul »

Puis, il la pressa de questions et pendant un long moment ils restèrent là à parler et elle lui montra une partie de l'avenir qui l’attendait . Enfin, elle lui promit qu'ils se reverraient lorsqu'elle enverrait deux messagers le chercher. Et sur ces mots, elle partit.

Thomas a senti la fatigue tomber sur ses épaules et s’est endormi. Et quand il s'est s'est réveillé, il était à Huntly Bank sous l'arbre où il avait vu la reine pour la première fois. C’est ainsi que Thomas retourna dans le monde des humains avec le don de prophétie et une langue qui ne pouvait jamais mentir. 

Thomas est resté dans son château d'Ercildoune et a utilisé les cadeaux que la reine lui avait donnés pour voir l'avenir et prédire de nombreux événements importants pour l'Écosse. Il est devenu très célèbre et les gens disaient que ses compétences étaient aussi grandes que celles du magicien le célèbre Merlin. Thomas faisait ses prédictions sous forme de chansons ou de rimes et est devenu connu sous le nom de « Thomas le rimeur ».

Je ne peux pas vous rapporter toutes les prophéties de Thomas car la liste est trop longue, et elles ne vous intéressent peut-être pas car vous n’êtes pas écossais. Mais en voici une ou deux :


« The Burn of Breid
Shall rin fou reid »


ce qui est vraiment arrivé, le jour terrible jour où les eaux de la rivière BannockBurn furent rougies par le sang des anglais écrasés par l’armée de Robert Bruce durant la première guerre d’indépendance de l’Ecosse.


Il a aussi prédit l’union des couronnes d’Angleterre et d’Ecosse, sous le règne d’un prince issu d’une reine française :

« A French Queen shall bearre the Sonne
Shall rule all Britainne to the sea,
As neere as is the ninth degree »

Ce qui est arrivé en 1603, quand le roi James, fils de Mary d’Ecosse, devint le roi des deux pays.



La renommée de Thomas s'est propagée à travers l'Ecosse et il est devenu riche. Il a construit une grande tour à Ercildoune et organisait chaque année un banquet pour les villageois. De nombreuses années ont passé mais Thomas pensait toujours à la reine des fées. 

Un jour, pendant le banquet, on apprit qu’ un cerf et une biche, chacun aussi blanc que la neige fraîchement tombée, marchaient côte à côte dans le village, , sans avoir peur de la foule qui s'était rassemblée pour les regarder passer.

C'est alors que Thomas fit sa dernière prophétie : il dit :


« Mon sable est coulé ;
mon fil est filé ;
ces messagers sont pour moi. »


Puis il se dirigea vers l'arbre sous lequel il avait rencontré la reine des fées. Les deux animaux sont venus à sa rencontre, se sont inclinés devant lui, et ils ont descendu la pente jusqu’à la rivière Leader et disparu dans les eaux tourbillonnantes.

Thomas n'a jamais été revu depuis ce jour-là. 


On pense que Thomas est retourné au royaume des fées. Aujourd'hui, sur les rives de la rivière Leader, on peut encore voir les ruines d'une ancienne tour, considérée comme la demeure de l'ancien prophète. Et bien que Thomas soit parti depuis longtemps, ses prophéties demeurent.

Thomas a prédit beaucoup de choses: 
     la mort d'Alexandre III, 
     que Robert le Bruce deviendrait roi d'Écosse, 
     la défaite des Écossais à la bataille de Flodden 
    et la défaite de Mary, la reine d'Écosse, en 1567. 

Comme de nombreux prophètes, il a également prédit la fin du monde: 


"Quand les vaches de Gowrie débarqueront, 
le jour du jugement sera proche."


Les vaches de Gowrie sont deux îles au large d'Ivergowrie, et on dit qu'elles s'approchent de la terre à la vitesse de trois centimètres par an. 
Il semble donc que le monde continuera pendant un certain temps encore. 


La légende locale dit que Thomas vit dans les collines creuses d'Eildon et qu'un jour, comme Merlin, il reviendra pour aider l'Écosse à l'heure où elle en aura le plus besoin.

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