Saint Brandan
par Armanel - conteur
Brandan n'est pas Breton, mais je voulais évoquer la légende de son voyage vers Cuba en l'an 545 soit un siècle avant Christophe Colomb (1492)
Brandan avait 11
ans quand Saint Patrick est mort. Saint Patrick étant réputé mort
en 495, nous pouvons donc raisonnablement penser que Brandan est né
en 484. Brandan est né au sud-ouest de l'Irlande, près de Tralee
(Traegh Lee), pays d'Altraighe, dans le District marécageux de
Munster. Brandan est le fils de Finnlug appartenant au clan des Ciar
et neveu d'Altha qui habitait à Kerry Luachara dans le pays
d'Altraighe-Cuile. Brandan était un "homme libre" de noble
naissance de la race des Eoghan. Sa mère s'appelait Cara. Les
parents de Brandan eurent quatre fils. L'aîné fût appelé Mohbi,
plus tard on l'appela Broenfind. Son nom définitif de Brandan lui
fut donné à son émancipation comme le voulait la coutume.
En
plus de ses trois frères (Domaingen, Faolan et Faitleac) Brandan eut
une soeur Briga qui fut élevée chez l'évêque Erc, chez qui
Brandan terminait ses études. Brandan prit toujours soin d'elle et
en contrepartie, Briga (que Brandan appelera "la muse enfant de
ma jeunesse") fut sa protectrice dévouée veillant sur sa vie
matérielle qu'il avait facilement tendance à oublier. Après avoir
été nonne au couvent de Sainte Ita, elle fut placée par Brandan à
la tête d'un nouveau couvent qu'il venait de fonder à Eanachduin
(Annaghdown) dans la province du Connaught.
Finnlug
(le père de Brandan) avait pour voisin Airrdhe, fils de Fidach, qui
voulait être le parrain de Brandan, et ce, sur les conseils d'un
prophète d'Erin appelé Becc Mac Dee. Ce fût l'évêque Erc, ancien
druide converti_appelé: le druide à la langue d'argent_ qui célébra
le baptême.
Sa
marraine s'appelait Ita. Brandan lui fut confié à l'âge de un an
et il resta chez elle cinq ans, puis il apprit les psaumes avec
l'évêque Erc.(Notons au passage qu'à cette époque l'éducation
des enfants n'était pas faite par les parents: l'enfant était
confié, en général, à son oncle maternel de 7 à 14 ans: cette
pratique s'appelait le "Fosterage"). Brandan fut confié à
son oncle Altha quui assura son éducation matérielle (Us et
coutumes du clan, pêche en mer, tir à l'arc, etc.), tandis qu' Erc
lui apprit le grec, le latin, la littérature, les mathématiques,
l'astronomie et la médecine.
Son
fosterage terminé et les "épreuves" passées avec succès,
notre adolescent reçu son nom définitif de Brandan. C'est alors
qu'il choisit de se rendre au monastère de Cambrie (fondé par Cado,
fils unique de Sandlée roi de Glamorgan) dans la vallée de Carvan
près de la Severn Sea (canal de Bristol)...
Il y eut plusieurs milliers de moines venus d'Irlande et de Galles en Armorique. La tradition se rappelle de 700 dont une centaine de Grands "Saints" et les douze les plus célèbres tels que Brandan, Gildas, Cado, etc... En fait les Bretons, fuyant les raids des Saxons, s’exilaient à partir du pays de Galles. Les moines de Lancarvan accompagnaient leurs compatriotes dans la traversée vers la Domnonée (de la Rance à Ouessant _ face à la Cornouailles brittanique).
Brandan, quand à lui, resta dans son monastère, remplaçant Cado qui lui s'était exilé. Puis Brandan aida Finnian à la mise en route du monastère de Clonard (à l'ouest de Dublin); Après quoi il s'embarqua vers Alet (à l'est de la Domnonée) qui réclamait un chef religieux depuis une vingtaine d'années. C'est durant toute cette période que Brandan mis en œuvre ses qualités de navigateur. Ces navigations étaient en fait du cabotage le long des côtes de Grande Bretagne et d'Ecosse et toutes les îles des alentours ...
Voyage en Islande
En l'an 520 Barint (de la race du roi Nial) vint rendre visite à Brandan, afin que celui-ci "aille quérir" son filleul Mernoc qui n'était pas rentré de sa pérégrination (pénitence) en Islande, Hors l'hiver approchait, et il était hors de question de passer l'hiver en Islande. Brandan se rendit donc en Islande au tout début de l'hiver sur une mer qui se "coagulait".
Pour ce
voyage Brandan embarqua dans un coracle bordé de peaux de bœuf
tannées tendues sur une carcasse de bois et cousues entre elles.
Pour assurer l'étanchéité, les coutures étaient graissées de
beurre. (Le beurre fondu était déposé sur les coutures en fil de
chanvre, puis écrasé avec un lissoir afin d'entrer dans le cuir
jusqu'au "refus". Une fois sèches, les lèvres de la
couture formaient un bloc étanche et souple.
Brandan
prit le départ avec 17 autres moines et quarante jours de vivres (8
moutons, du poisson séché, des graines, des racines, etc.). Le
bateau était tellement chargé que les occupants ne pouvaient pas
s'y reposer. Aussi faisait-on du cabotage, ne restant en mer que 2 ou
3 nuits maximum.... Brandan fit étape aux îles Féroé ou il trouva
de nombreux moutons puis aborda l’Islande où il fut pris sous le
bombardement d’un volcan qui emplit les moines de terreur qui se
croyaient aux prises avec des démons.
Le voyage de Brandan le conduisit à l’ouest sur la route des icebergs qu’il comparait à des basiliques de glace. Arrivé à l’île des oiseaux (au Nord Est de Terre Neuve), la mer se coagulant, il fut bientôt temps de rentrer en Irlande.
Voyage à Cuba
Après avoir vu
l’antichambre du Purgatoire, Brandan va chercher la route du
Paradis terrestre. Un premier voyage aux Canaries se soldera par un
échec du à la nature des coracles. Brandan se décide donc à faire
construire une nef en bois en Bretagne armoricaine afin de
servir de navire amiral à sa flotte de trois coracles. En l'an 545,
accompagné de Malo, il se dirige vers les Canaries en faisant du
cabotage sur un itinéraire déjà connu.
Après
les alizés, c’est le « pot au noir ». Il faut ramer,
les hommes s’épuisent et les vivres commencent à manquer. La
révolte gronde, et un cyclone frappe la petite flotte. Deux navires
sombrent, mais la tornade lui apporte des débris de végétaux qui
lui annoncent la proximité d’une terre. « On vit flotter sur
l’eau des feuilles aussi grandes qu’une peau de mouton (feuilles
de palmier) » Puis on aperçut « une boule ronde, une
baie grosse comme une tête d’enfant et couverte de cheveux
blancs ». On la pêche, on la fend à la hache et « on y
trouve du lait sucré ».
Il aborde peu après dans « l’île délicieuse » où il séjournera quelque temps (un an ?). Les hommes pêchaient des poissons et des tortues et se nourrissent de plantes et de fruits inconnus. Puis ils revinrent en Irlande par le « grand courant de l’île verte (courant de Floride qui se poursuit par le Gulf Stream) ».