Mona et les Morgans
Ouessant
Armanel-conteur
IL y avait autrefois (il y a bien longtemps, bien longtemps de cela, peut-être du temps où saint Pol est venu dans notre île depuis le pays d’Hibernie) ; il y avait donc à Ouessant une belle jeune fille de seize à dix-sept ans, qui s’appelait Mona Kerbili. Elle était si jolie, que tous ceux qui la voyaient en étaient frappés d’admiration et disaient à sa mère :
— Vous avez là une bien belle fille, Jeanne ! Elle est jolie comme une Morganès, et jamais on n’a vu sa pareille, dans l’île ; c’est à faire croire qu’elle a pour père un Morgan.
Morganed est le pluriel masculin de Morgan ;
Morganezed est le pluriel féminin de Morganès, en français Morgane.
— Ne dites pas cela, répondait la bonne femme, car Dieu sait que son père est bien Fanch Kerbili, mon mari, tout comme je suis sa mère.
Le père de Mona était pêcheur et passait presque tout son temps en mer ; sa mère cultivait un petit coin de terre qu’elle possédait contre son habitation, ou filait du lin, quand le temps était mauvais. Mona allait avec les jeunes filles de son âge, à la grève, chercher des brinic (coquilles de patèle), des moules, des palourdes, des bigorno et autres coquillages, qui étaient la nourriture ordinaire de la famille. Il faut croire que les Morgans, qui étaient alors très nombreux dans l’ile, l’avaient remarquée et furent, eux aussi, frappés de sa beauté.
Un jour qu’elle était, comme d’habitude, à la grève, avec ses compagnes, elles parlaient de leurs amoureux ; chacune vantait l’adresse du sien à prendre le poisson et à gouverner et diriger sa barque, parmi les nombreux écueils dont l’île est entourée.
— Tu as tort, Mona, a dit Marc’harit ar Fur à la fille de Fanch Kerbili, de rebuter, comme tu le fais, Ervoan Kerdudal ; c’est un beau gars, il ne boit pas, ne se querelle jamais avec ses camarades, et nul mieux que lui ne sait diriger sa barque dans les passes difficiles de la Vieille-Jument et de la pointe du Stiff.
— Moi, répondit Mona avec dédain, car à force de s’entendre dire qu’elle était jolie, elle était devenue vaniteuse et fière, — je ne prendrai jamais un pêcheur pour mari. Je suis aussi jolie qu’une Morganès, et je ne me marierai qu’avec un prince, ou pour le moins le fils d’un grand seigneur, riche et puissant, ou encore avec un Morgan.
Il paraît qu’un vieux Morgan, qui se cachait par là, derrière un rocher ou sous les goémons, l’a entendue, et, se jetant sur elle, il l’a emportée au fond de l’eau. Ses compagnes ont couru raconter l’aventure à sa mère.
Jeanne Kerbili était à filer, sur le pas de sa porte ; elle a jeté sa quenouille et son fuseau et couru au rivage. Elle a appelé sa fille à haute voix et est même entrée dans l’eau, aussi loin qu’elle pouvait aller, à l’endroit où Mona avait disparu. Mais, ce fut en vain, et aucune voix n'a répondu à ses larmes et à ses cris de désespoir.
Le bruit de la disparition de Mona s'est répandu promptement dans l’île, et nul n’en fut bien surpris. « Mona, disait-on, était la fille d’un Morgan, et c’est son père qui l’a enlevée. »
Son ravisseur était le roi des Morgans de ces parages, et il avait emmené la jeune ouessantine dans son palais, qui était une merveille dont n’approchait rien de ce qu’il y a de plus beau sur la terre, en fait d’habitations royales.
Le vieux Morgan avait un fils, le plus beau des enfants des Morgans, et il est devenu amoureux de Mona et a demandé à son père de la lui laisser épouser. Mais le roi, qui, lui aussi, avait les mêmes intentions à l’égard de la jeune fille, a répondu qu’il ne consentirait jamais à lui laisser prendre pour femme une fille des hommes de la terre: Il ne manquait pas de belles Morganezed dans son royaume, qui seraient heureuses de l’avoir pour époux, et il ne lui refuserait pas son consentement, quand il aurait fait son choix.
Voilà le jeune Morgan au désespoir. Il a répondu à son père qu’il ne se marierait jamais, s’il ne lui était pas permis d’épouser celle qu’il aimait, Mona, la fille de la terre.
Le vieux Morgan, le voyant dépérir de tristesse et de chagrin, le força de se marier à une Morganès, fille d’un des grands de sa cour et qui était renommée pour sa beauté. Le jour des noces a été fixé, et on a invité beaucoup de monde. Les fiancés se sont mis en route pour l’église, suivis d’un magnifique et nombreux cortège ; car ces hommes de mer ont aussi leur religion et leurs églises, sous l’eau, tout comme nous autres, sur la terre, bien qu’ils ne soient pas chrétiens ; ils ont même des évêques, assure-t-on, et Goulven Penduff, un vieux marin de notre île, qui a navigué sur toutes les mers du monde, m’a affirmé en avoir vu plus d’un.
La pauvre Mona a reçu ordre, du vieux Morgan, de rester à la maison pour préparer le repas de noces. Mais, on ne lui a pas donné ce qu’il fallait pour cela, rien absolument que des pots et des marmites vides, qui étaient de grandes coquilles marines, et on lui a dit que si tout n’était pas prêt et si elle ne servait pas un excellent repas, quand la noce reviendrait de l’église, elle serait mise à mort aussitôt.
Jugez de son embarras et de sa douleur, la pauvre fille !
Le fiancé lui-même n’était ni moins embarrassé ni moins désolé.
Comme le cortège était en marche vers l’église, il s’est écrié :
— J’ai oublié l’anneau de ma fiancée !
— Dites où il est, et je le ferai prendre, lui a dit son père.
— Non, non, j’y vais moi-même, car nul autre que moi ne saurait le retrouver, là où je l’ai mis. J’y cours et je reviens dans un instant.
Et il est parti, sans permettre à personne de l’accompagner. Il s'est rendu tout droit à la cuisine, où la pauvre Mona pleurait et se désespérait.
— Consolez-vous, lui dit-il, votre repas sera prêt et cuit à point ; ayez seulement confiance en moi.
Et s’approchant du foyer, ila dit :
_ « Bon feu au foyer ! »
Et le feu s’est allumé et a flambé aussitôt.
Puis, touchant successivement de la main les marmites, les casseroles, les broches et les plats, il disait :
_ « De la chair de saumon dans cette marmite, de la sole aux huîtres dans cette autre, du canard à la broche, par ici, des maquereaux frits, par là, et des vins et liqueurs choisis et des meilleurs, dans ces pots... »
Et les marmites, les casseroles, les plats et les pots s’emplissaient par enchantement de mets et de liqueurs, dès qu’il les touchait seulement de la main. Mona n’en revenait pas de son étonnement de voir le repas prêt, en un clin-d’œil, et sans qu’elle y eût mis la main.
Le jeune Morgan rejoignit alors, en toute hâte, le cortège qui se rendait à l’église. La cérémonie a été célébrée par un évêque de mer. Puis on est revenu au palais. Le vieux Morgan s'est rendu directement à la cuisine, et s’adressant à Mona :
— Nous voici de retour ; tout est-il prêt ?
— Tout est prêt, a répondu Mona, tranquillement.
Etonné de cette réponse, il a découvert les marmites et les casseroles, examiné les plats et les pots et a dit, d’un air mécontent :
— Vous avez été aidée ; mais, je ne vous tiens pas pour quitte.
On s'est mis à table ; on a mangé et bu abondamment, puis les chants et les danses ont continué, toute la nuit.
Vers minuit, les nouveaux mariés se sont retirés dans leur chambre nuptiale, magnifiquement ornée, et le vieux Morgan a dit à Mona de les y accompagner et d’y rester, tenant à la main un cierge allumé. Quand le cierge serait consumé jusqu’à sa main, elle serait mise à mort.
La pauvre Mona a du obéir. Le vieux Morgan se tenait dans une chambre contiguë, et, de temps en temps, il demandait :
— Le cierge est-il consumé jusqu’à votre main ?
— Pas encore, répondait Mona.
Il répéta la question plusieurs fois. Enfin, lorsque le cierge fut presque entièrement consumé, le nouveau marié a dit à sa jeune épouse :
— Prenez, pour un moment, le cierge des mains de Mona, et tenez-le, pendant qu’elle nous allumera du feu.
La jeune Morganès, qui ignorait les intentions de son beau-père, a pris le cierge.
Le vieux Morgan répétait au même moment sa question :
— Le cierge est-il consumé jusqu’à votre main ?
— Oui, a dit la Morganès.
Et aussitôt le vieux Morgan est entré dans la chambre, s'est jeté sur celle qui tenait le cierge, sans la regarder, et lui a coupé la tête, d’un coup de sabre ; puis il s’en est allé.
Au lever du soleil, le nouveau marié s'est rendu auprès de son père et lui a dit :
— Je viens vous demander la permission de me marier, mon père.
— La permission de te marier ? Ne t’es-tu donc pas marié, hier ?
— Oui, mais ma femme est morte, mon père.
— Ta femme est morte !... Tu l’as donc tuée, malheureux ?
— Non, mon père, c’est vous-même qui l’avez tuée.
— Moi, j’ai tué ta femme ?...
— Oui, mon père : hier soir, n’avez-vous pas coupé d’un coup de sabre la tête de celle qui tenait un cierge allumé, près de mon lit ?
— Oui, la fille de la Terre ?...
— Non, mon père, c’était la jeune Morganès que je venais d’épouser pour vous obéir, et je suis déjà veuf. Si vous ne me croyez pas, il vous est facile de vous en assurer par vous-même, son corps est encore dans ma chambre.
Le vieux Morgan s'est précipité dans la chambre nuptiale, et a vu son erreur. Sa colère était grande.
— Qui veux-tu donc avoir pour femme ? demanda-t-il à son fils, quand il fut un peu apaisé.
— La fille de la Terre, mon père.
Il ne répondit pas et s’en alla.
Cependant, quelques jours après, comprenant sans doute combien il était déraisonnable de se poser en rival de son fils auprès de la jeune fille, il lui a donné son consentement, et le mariage a été célébré avec pompe et solennité.
Le jeune Morgan était rempli d’attentions et de prévenances pour sa femme. Il la nourrissait de petits poissons délicats, qu’il prenait lui-même, lui confectionnait des ornements de perles fines et recherchait pour elle de jolis coquillages nacrés, dorés, et les plantes et les fleurs marines les plus belles et les plus rares. Malgré tout cela, Mona voulait revenir sur la terre, auprès de son père et de sa mère, dans leur petite chaumière au bord de la mer.
Son mari ne voulait pas la laisser partir, car il craignait qu’elle ne revînt pas. Alors elle est tombée dans une grande tristesse, et ne faisait que pleurer, nuit et jour. Le jeune Morgan lui a dit un jour :
— Souris-moi un peu, ma douce, et je te conduirai jusqu’à la maison de ton père.
Mona sourit, et le Morgan, qui était aussi magicien, a dit :
— Pontrail, élève-toi.
Et aussitôt un beau pont de cristal est apparu, pour aller du fond de la mer jusqu’à la terre.
Quand le vieux Morgan a vu cela, sentant que son fils en savait aussi long que lui, en fait de magie, il a dit :
— Je veux aller aussi avec vous.
Ils s’engagèrent tous les trois sur le pont, Mona devant, son mari après elle et le vieux Morgan à quelques pas derrière eux.
Dès que les deux premiers eurent mis pied à terre, le jeune Morgan dit :
— Pontrail, abaisse-toi.
Et le pont est redescendu au fond de la mer entraînant avec lui le vieux Morgan.
Le mari de Mona, ne pouvant l’accompagner jusqu’à la maison de ses parents, l'a laissée aller seule en lui faisant ces recommandations :
— Reviens, au coucher du soleil ; tu me retrouveras ici, t’attendant ; mais, ne te laisse embrasser, ni même prendre la main par aucun homme.
Mona a promis, et a couru vers la maison de son père. C’était l’heure du dîner, et toute la petite famille se trouvait réunie.
— Bonjour, père et mère ; bonjour, frères et soeurs ! dit-elle, en entrant précipitamment dans la chaumière.
Les bonnes gens la regardaient, ébahis, et personne ne la reconnaissait. Elle était si belle, si grande et si parée !... Cela lui fit de la peine, et les larmes lui sont venues aux yeux. Puis, elle s'est mise à faire le tour de la maison, touchant chaque objet de la main, en disant :
— Voici le galet de mer sur lequel je m’assoyais, au foyer ; voici le petit lit où je couchais ; voici l’écuelle de bois où je mangeais ma soupe ; là, derrière la porte, je vois le balai de genêt avec lequel je balayais la maison, et ici, le pichet avec lequel j’allais puiser de l’eau, à la fontaine.
En entendant tout cela, ses parents ont fini par la reconnaître et l’embrassèrent, en pleurant de joie, et les voilà tous heureux de se retrouver ensemble.
Son mari avait bien recommandé à Mona de ne se laisser embrasser par aucun homme, mais à partir de ce moment, elle a perdu complètement le souvenir de son mariage et de son séjour chez les Morgans. Elle est restée chez ses parents, et bientôt les amoureux ne lui manquèrent point. Mais, elle ne les écoutait guère et ne désirait pas se marier.
La famille avait, comme tous les habitants de l’île, un petit coin de terre, où l’on mettait des pommes de terre, quelques légumes, un, peu d’orge, et cela suffisait pour les faire vivre, avec la contribution journalière prélevée sur la mer, poissons et coquillages. Il y avait devant la maison une aire à battre le grain, avec une meule de paille d’orge. Souvent, quand Mona était dans son lit, la nuit, à travers le mugissement du vent et le bruit sourd des vagues battant les rochers du rivage, il lui avait semblé entendre des gémissements et des plaintes, à la porte de l’ habitation ; mais, persuadée que c’étaient les pauvres âmes des naufragés, qui demandaient des prières aux vivants oublieux, elle récitait quelques De Profundis à leur intention, plaignait les matelots qui étaient en mer, puis elle s’endormait tranquillement.
Mais, une nuit, elle a entendu distinctement ces paroles prononcées par une voix plaintive à fendre l'âme :
— O Mona, avez-vous donc oublié si vite votre époux le Morgan, qui vous aime tant et qui vous a sauvée de la mort ? Vous m’aviez pourtant promis de revenir, sans tarder ; et vous me faites attendre si longtemps, et vous me rendez si malheureux !... Ah ! Mona, Mona, ayez pitié de moi, et revenez, bien vite !...
Alors, Mona s'est tout rappelé. Elle s'est levée, est sortie et a retrouvé son mari le Morgan, qui se plaignait et se lamentait près de sa porte. Elle s'est jetée dans ses bras... et depuis, on ne l’a pas revue.
Morganed et Morganezed
Morganed est le pluriel masculin de Morgan ;
Morganezed est le pluriel féminin de Morganès, en français Morgane.
« Les Morganed et Morganezed, étaient autrefois très communs, dans notre île ; aujourd’hui, on les voit encore quelquefois, mais rarement ; on les a trop souvent trompés.
On les remarquait, surtout au clair de la lune, jouant et folâtrant sur le sable fin et les goémons du rivage et peignant leurs cheveux blonds avec des peignes d’or et d’ivoire. Le jour, ils faisaient sécher au soleil, sur de beaux linceuls blancs, des trésors de toute sorte : or, perles fines, pierres précieuses et de riches tissus de soie.
On jouissait de leur vue, tout le temps qu’on restait sans battre les paupières, mais, au premier battement, tout disparaissait, comme par enchantement, Morganed et trésors.
Les Morganed et Morganezed sont de petits hommes et de petites femmes, aux joues roses, aux cheveux blonds et bouclés, aux grands yeux bleus et brillants ; ils sont gentils comme des anges. Malheureusement, ils n’ont pas reçu le baptême, et, pour cette raison, ils ne peuvent aller au ciel, ce qui est bien dommage, tant ils sont gentils et ont l’air bons !
« J’ai entendu dire que la Sainte-Vierge étant un jour seule à la maison et ayant besoin de s’ absenter un moment, pour aller puiser de l’eau, se trouvait fort embarrassée, car elle ne voulait pas laisser seul son enfant nouveau-né, qui dormait dans son berceau.
— Comment faire ?... La fontaine est un peu loin et je ne puis laisser mon enfant seul... se disait-elle, assez haut.
« A ce moment, elle entendit une voix claire et fraîche comme une voix d’enfant, qui disait :
— Je vous le garderai bien, moi, si vous voulez me le confier.
« Elle s'est retournée et a vu, au seuil de la porte, un petit homme souriant et si gentil, qu’elle est restée quelque temps à le considérer, saisie d’étonnement et d’admiration. Elle n’hésita pas à lui confier la garde de son enfant, et est allée puiser de l’eau à la fontaine.
A son retour, pour récompenser le fidèle gardien, elle lui a dit de faire une demande, et elle la lui accorderait.
— Génet ha Morgéned (de la beauté et des petits Morgans), a répondu le petit homme.
« C’est pourquoi les Morgans sont si jolis et étaient si nombreux, au temps jadis. Mais, il aurait mieux fait de demander le baptême, car alors, lui et les siens seraient allés au ciel avec les anges, auxquels ils ressemblent si bien. »
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« Deux jeunes filles de notre île, cherchant un jour des coquillages, au bord de la mer, ont aperçu une Morganès qui séchait ses trésors au soleil, étalés sur deux belles nappes blanches. Les deux curieuses, se baissant et se glissant tout doucement derrière les rochers, sont arrivèrées jusqu’à elle, sans en être aperçues. La Morganès, surprise et voyant que les jeunes filles étaient gentilles et paraissaient être douces et sages, au lieu de se jeter à l’eau, en emportant ses trésors, a replié ses deux nappes sur toutes les belles choses qui étaient dessus et leur en a donné à chacune une, en leur recommandant de ne regarder ce qu’il y avait dedans que lorsqu’elles seraient rendues à la maison, devant leurs parents.
Nos deux jeunes Ouessantines ont couru vers leurs demeures, portant leur précieux fardeau sur l’épaule. Mais, l’une d’elles, impatiente de contempler et de toucher de ses mains les diamants et les belles parures qu’elle croyait tenir pour tout de bon, ne put résister à la tentation. Elle a déposé sa nappe sur le gazon, quand elle était à quelque distance de sa compagne, qui allait dans une autre direction, l'a dépliée avec émotion, le cœur tout palpitant, et... n’y trouva que du crottin de cheval. Elle en a pleuré de chagrin et de dépit !
L’autre est allée jusqu’à la maison, tout d’une traite, et ce n'est que sous les yeux de son père et de sa mère, dans leur pauvre chaumière, qu’elle a ouvert sa nappe. Leurs yeux ont été éblouis à la vue des trésors qu’elle contenait : pierres précieuses, perles fuies et de l’or, et de riches tissus !... La famille devenue riche, tout d’un coup a bâti une belle maison, acheté des terres et on prétend qu’il existe encore, parmi les descendants, qui habitent toujours l’île, des restes du trésor de la Morganès, quoiqu’il y ait bien longtemps de cela:
_ " Dans cette maison, rien ne manque ; ils sont riches ; quand ils vont a la pêche, leur bateau revient toujours chargé de poisson, et ils n’ont jamais perdu un des leurs à la mer, ce qu’on ne peut dire d’aucune autre famille de l’ile. »