LES DEUX SORCIÈRES-CHATTES

Armanel - conteur

Autrefois, au Pays de Galles, on croyait que le septième fils d'une famille de garçons était un magicien par naissance : C'est-à-dire qu'il pouvait faire des miracles comme les fées et surpasser les médecins dans la guérison des maladies.

Et s'il était le septième fils d'un septième fils, il était alors la merveille des merveille. On disait qu'il pouvait même guérir le « zona », une maladie très gênante car on dit qu’une personne sur trois aura un épisode de zona au cours de sa vie . On l'appelle aussi d'un nom grec, Herpès qui signifie serpent, car, à mesure qu'elle s'aggrave, elle s'enroule autour du corps du malade.

Mais vous devez savoir que l'aigle peut attaquer le serpent et tuer cette créature venimeuse.

Pour s'assurer un tel pouvoir, notre héros, Hugues le magicien, mangeait de la chair d'aigle. Lorsqu'il voulait guérir la maladie du serpent, il prononçait des mots sous la forme d'un charme qui agissait comme un talisman et un remède. Après avoir mouillé l'éruption rouge qui avait éclaté sur le corps du malade, il murmurait :

_ " Aigle mâle, aigle femelle, je vous envoie par-dessus les neuf mers, et par-dessus neuf montagnes, et par-dessus neuf hectares de landes et de marécages, où aucun chien n'aboiera, aucune vache ne se baissera, et aucun aigle ne s'élèvera plus haut. "

Après cela, le patient était certain de se sentir mieux.

Au Pays de Galles il y a toujours une grande rivalité entre ces magiciens et les moines qui gagnaient de l'argent avec les pèlerins qui se rendaient aux fontaines miraculeuses. Mais cet homme, nommé Hugues, et les moines restaient en bons termes et ils dînaient souvent ensemble, car Hugues voyageait à travers tout le pays et avait toujours des nouvelles à raconter aux moines qui ne quittaient pas leurs monastères.

Un soir, alors qu'il dînait dans une auberge, quatre hommes sont entrés et se sont assis à table avec lui. Grâce à ses pouvoirs magiques, Hugues a facilement compris que c’étaient de voleurs qui avait l'intention de le tuer cette nuit-là, afin de lui prendre son argent.


Pour détourner leur attention, Hugh a fait pousser une corne au milieu de la table, puis a jeté un sort aux voleurs, les obligeant à rester contempler cette chose curieuse toute la nuit, pendant qu'il allait tranquillement se coucher et dormir profondément.

Quand il s’est levé le lendemain matin, il a payé sa note et est parti, tandis que les voleurs continuaient à contempler la corne. Ce n'est que lorsque les soldats sont arrivés pour les emmener en prison qu'ils sont revenus à eux.

Or, à Betws-y-Coed, (« lieu de prière dans la forêt ») ce joli endroit situé au bord de la rivière Conwy au milieu des bois. il y avait un hôtel, appelé l'Auberge des Trois Barils. Son enseigne était une grappe de raisin dorée placée sous trois petits barils.

Cette auberge était tenue par deux sœurs apparemment très respectables.

Et pourtant, il se disait que dans cet hôtel, plusieurs voyageurs avaient été dépouillés de leur argent pendant qu'ils dormaient. Ces voyageurs ne pouvaient accuser personne ni dire comment le vol avait été fait car ils avaient gardé leurs portes fermées à clé pendant la nuit, avec la clé bloquée dans la serrure. Ils étaient donc sûrs que personne n'était entré dans la pièce. Il n'y avait aucune trace de bottes, ni de pas dans le jardin, et rien n'était visible sur la serrure ou la porte, disant que l'une ou l'autre avait été forcée. Tout était en ordre comme au moment où ils étaient allés se coucher.

Ce qui fait que beaucoup de personnes doutaient de leurs histoires, mais lorsqu'ils se sont confiés à Hugues le magicien, il les a cru et s’est porté volontaire pour résoudre le mystère. Sa devise était « Allez n'importe où et partout, mais attrapez les voleurs ».


Un soir Hugues s’est présenté à l'auberge et a demandé à être logé pour la nuit. Il a été agréablement par l'accueil et les bonnes manières de ses deux hôtesses.

Au dîner et pendant la soirée, elles ont bavardé gaiement avec Hugh, qui n'était jamais à court de nouvelles ou d'histoires et racontait les nombreux pays qu'il avait visité en imagination, comme s'il les avait tous vus, bien qu'il n'avait jamais mis les pieds en dehors du pays de Galles.

Quand l’heure d’aller se coucher est arrivée, il a dit aux dames :

_ "J'ai l'habitude de laisser une lumière allumée dans ma chambre toute la nuit, mais je n’ai pas besoin de bougies, car j'en ai assez dans mon sac pour tenir jusqu'au lever du soleil." En disant cela, il leur a souhaité une bonne nuit.


Hugues est entré dans sa chambre a fermé la porte à clé et s’est déshabillé, mais il a gardé ses vêtements à portée de main. Puis il a tiré sa fidèle épée de son fourreau et l’a posée sur le lit à côté de lui afin de pouvoir la saisir rapidement. Ensuite il a fait semblant de dormir et même de ronfler.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour voir deux chats descendre furtivement par la cheminée, en regardant entre ses paupières à moitié fermées.

Une fois dans la chambre, les animaux ont gambadé lentement, puis ils ont gambadé de plus en plus vite. Ensuite ils se sont poursuivis autour du lit, afin de savoir si Hugues dormait profondément ou pas.

Pendant ce temps, le prétendu dormeur restait parfaitement immobile. Bientôt les deux chats se sont approchés de ses vêtements et l'un d'eux a mis sa patte dans la poche qui contenait son sac d’argent.

A ce moment Hugues a frappé la patte du chat d'un coup d'épée. La bête a hurlé d’une façon effrayante, et les deux animaux se sont enfuis par la cheminée. Après cela, tout est resté silencieux jusqu'à l'heure du petit déjeuner.

A table, une seule des sœurs était présente. Hugues a poliment demandé des nouvelles de la deuxième sœur. On lui a répondu qu'elle n'allait pas bien, et Hugues a dit qu’il espérait qu’elle serait bientôt guérie.


Après le petit déjeuner, Hugues a déclaré qu'il devait dire au revoir aux deux sœurs, car il avait beaucoup apprécié leur compagnie la veille. Malgré les nombreuses excuses de l'autre dame, il a été autorisé à entrer dans la chambre de la malade.

Après des salutations polies et des compliments mutuels, Hugues lui a tendu la main pour lui dire « au revoir ». La malade lui a souri et a tendu la main elle aussi. Mais elle avait tendu la main gauche au lieu de la main droite.

_"Ah ben non", a dit Hugues en souriant. " De toute ma vie je n'ai jamais pris la main gauche de personne, et, si belle que soit la vôtre, je ne vais pas me changer mes habitudes"

A contrecœur, et comme si elle souffrait, la malade tendit la main droite. Et Hugues a vu qu’elle était bandée.

Le mystère était maintenant éclairci. Les deux sœurs étaient des sorcières qui pouvaient se transformer en chats.

La nuit précédente, elles avaient changé de forme et étaient les véritables voleuses.


Hugh a saisi la main droite de la soi-disant malade et y a fait une petite entaille en disant une formule magique. Quelques gouttes de sang ont coulé, mais le sortilège était terminé.

"Désormais," dit Hugues, "vous êtes toutes les deux inoffensives, et j'espère que vous serez toutes les deux d'honnêtes femmes."

Et depuis ce jour, elles ont été honnêtes comme les autres femmes et tenaient l'une des meilleures des auberges - propre, bien rangée, confortable et à prix modestes et elles n’ont plus jamais dévalisé les voyageurs.