Le trésor des fées
Armanel-conteur
L'un des noms les plus courants parmi les noms gallois était William ; lorsqu'il s'agissait du fils d'un père, on ajoutait un S à la fin et il s'écrivait Williams et ce n'était que la traduction en latin pour Gild Helm, ou Casque d'or.
Il y a bien longtemps, lorsque Londres n'était qu'un village et Cardiff un hameau, il y avait un garçon portant ce nom, qui gardait des moutons sur les flancs des collines. Son père était un fermier qui travaillait dur pour faire pousser de l'avoine, de l'orge, des poireaux et du chou dans le sol pierreux de ses champs. En été il travaillait du premier croassement du corbeau au dernier hululement du hibou pour nourrir sa femme et ses enfants.
Sa femme avait toujours gardé sa maisonnette, peinte en rose, très propre et jolie, avec des fleurs qui étaient placées dans des pots et sur des étagères près des fenêtres grillagées. Elles poussaient magnifiquement, car la femme les aimait. Les plats en étain sur le buffet brillaient comme s'ils étaient des lunes, et les chats en porcelaine sur la cheminée reflétaient à la fois le soleil et la lumière des bougies.
Mère Gruffyd était toujours très soignée, avec son tablier rayé noir et blanc, son chapeau haut pointu, son petit châle court, et son jupon à carreaux rouge vif replié en arrière de sa robe. Son col roulé blanc comme neige et son foulard noué en haut et frangé aux extrémités ajoutaient de belles touches à son costume pittoresque.
Le jeune William était fier de sa mère et il l'aimait tendrement.
Un jour, en rentrant des collines à la fin de la journée,,William a fait la rencontre de jolis enfants. Ils étaient habillés de très beaux vêtements et avaient des manières élégantes. Ils se sont approchés de lui, lui ont souri et lui ont proposé de jouer avec eux. William a participé à leurs jeux et n’a pas vu le temps passer. Il à joué avec eux jusqu'à ce qu'il fasse nuit noire.
Parmi ces jeux il y avait celui du « Roi et son trésorier ». Pour jouer à ce jeu, les tabliers des enfants étaient remplis de ce qui semblait être de vraies pièces de monnaie.
Mais quand il les a montré à sa mère, elle a tout de suite vu qu'elles n'étaient que du papier et non de l'argent.
Elle a demandé à William où il les avait trouvées. Il lui a raconté qu'il s'était bien amusé. Elle a tout de suite compris que ces compagnons de jeu étaient des enfants de fées. Alors elle a ordonné à William de ne plus jamais sortir seul sur la montagne. Elle se doutait que rien de bon ne pourrait résulter de la compagnie de ces étranges enfants.
Mais le garçon aimait tellement jouer qu'un jour, fatigué de jouer aux jeux de filles avec ses sœurs, il a désobéi et s'est enfui dans les montagnes. Comme il n’était pas rentré à la nuit tombée, ses parents sont partis
Mais personne ne l'avait vu ni entendu parler de lui. Bien que des recherches ont été faites sur toutes les routes, dans tous les villages et à toutes les foires et marchés des environs, deux années entières se sont écoulées sans signe de vie de William.
Mais au bout du vingt-cinquième mois, un matin, de bonne heure avant le petit déjeuner, sa mère, en ouvrant la porte, trouva William assis sur les marches, un paquet sous le bras, et ne paraissant pas avoir vieilli d'un jour depuis l'heure où il avait disparu.
_"Mon cher garçon, où étais-tu durant ces deux longues années. Un temps si long qu'ils m'a semblé durer un siècle ?"
_« Ma chère mère, tu dis des choses bizarres. Je suis parti hier pour jouer avec les enfants dans les collines et nous nous sommes bien amusés. Regarde les jolis vêtements qu'ils m'ont offerts. »
Puis il a donné son paquet à sa mère. Mais quand sa mère a déchiré le paquet, elle n'y a trouvé qu'une robe de papier blanc sans couture ni points de suture. Elle l’a jetée au feu et a de nouveau mis son fils en garde contre les enfants des fées.
Mais peu de temps après, un grand malheur a frappé le père et la mère et ils ont changé d'avis au sujet des fées.
Voici ce qui s’est passé :
Le père et la mère avaient placé toutes leurs économies dans un navire qui faisait des voyages commerciaux au départ de Cardiff. Chaque année, il revenait rapportant de gros bénéfices aux propriétaires et aux actionnaires. C’est de cette façon, que le papa parvenait à gagner sa vie et à habiller sa femme et ses enfants, et que la table était toujours bien approvisionnée en bons aliments. Et ils ne repoussaient jamais à la porte de leur maison les pauvres qui demandaient du pain et du fromage.
Mais le mois même du retour de William, de mauvaises nouvelles sont arrivées : le navire avait coulé dans une tempête. Tous les passagers avaient péri et la cargaison était totalement perdue, en haute mer.
Au Pays de Galles, il y avait un gros rocher, sur une certaine colline, qui était en partie enfoncé dans la terre et, sous lui, se trouvait un immense trésor et que l’on appelait la roche au fées. L'herbe poussait abondamment autour de cette pierre et les moutons aimaient se reposer à midi à son ombre. Beaucoup de gens avaient essayé de le soulever, mais en vain. La tradition voulait que seul un homme très bon puisse déplacer cette pierre. Jusqu'à ce que la bonne personne vienne, le trésor était aussi en sécurité que s'il était au paradis.
Le père et la mère de William étaient très pauvres et ses sœurs désiraient tellement de beaux vêtements que William espérait que lui ou son père arriverait à déplacer la pierre. Il avait décidé d’aider son père à gagner le trésor car il était sûr qu’il partagerait ses gains avec tous ses amis.
Les voisins sont tous venus avec des chevaux, des cordes, des pieds-de-biche et des engins pour aider William et son père. Mais, après de nombreux jours de labeur, entre le lever et le coucher du soleil, ils ont fini par échouer. Chaque jour, lorsque l'obscurité arrivait, la pierre restait là, aussi dure et solide que jamais. Ils ont donc abandonné et sont retournés chez eux.
La dernière nuit, William a vu que son père et sa mère se tenaient la main, et qu’ils pleuraient ensemble.
Voyant cela, le garçon a décidé d'aller le lendemain dans les montagnes et de parler de cette affaire à ses amies les fées.
Tôt le matin, il s’est précipité vers le sommet des collines et est entré dans une grotte. Il a rencontré les fées et leur a raconté ses ennuis. Puis il leur a demandé de lui donner un peu de leur argent.
Elles lui ont répondu :
_ "Nous te proposons quelque chose de mieux. Sous le grand rocher, il y a des trésors qui t'attendent."
_ "Oh, ne me renvoyez pas là-bas ! C’est inutile, tous les hommes et les chevaux de notre village n'ont pas pu déplacer la pierre."
_ "Nous le savons", ont répondu les fées, "mais essaie toi-même de la déplacer. Alors tu verras ce qui arrivera."
En rentrant chez lui William ce que lui avaient dit les fées. Ses parents ont ri de bon cœur à l'idée qu'un garçon réussisse là où des hommes, avec l’aide de nombreux chevaux, avaient échoué.
Mais après avoir réfléchi un moment, ils étaient si découragés que tout leur semblait possible. Alors ils lui ont dit:
"Vas-y, essaies."
De retour à la montagne, les fées ont accompagné William jusqu'au grand rocher.
Au premier contact de sa main, le gros rocher a tremblé, comme une feuille dans la brise.
Une poussée de plus, et le rocher a roulé de la colline et s'est écrasé dans la vallée en contrebas.
Là, en dessous, se trouvaient de petits tas d'or et d'argent, que William a rapporté chez ses parents, qui sont devenus les personnes les plus riches du pays. Mais ils n’ont pas gardé tout l’argent pour eux ; ils ont partagé avec leurs voisins et ont toujours ouvert leur porte aux mendiants qui venaient leur demander un bol de soupe et une morceau de pain.