Le songe de Maxen Wledig

Traduction (et adaptation) : Armanel - conteur


1 _ Le songe de Maxen


Maxen Wledig, empereur de Rome, était un homme plus avenant, meilleur et plus sage que n'importe quel empereur avant lui. Un jour, il réunit des rois en conseil, et il dit à ses amis :
_ « Je désire aller chasser demain ».

Et le lendemain matin, Maxen Wledig partit avec sa suite, et arriva dans la vallée du fleuve qui coulait vers Rome, où il chassa jusqu'à midi. Il y avait avec lui trente-deux rois couronnés, qui étaient ses vassaux; Maxen Wledig, empereur de Rome n'allait pas avec eux pour le plaisir de la chasse, mais pour mettre ces rois sur un pied d'égalité avec lui.

Le soleil était haut dans le ciel au-dessus de leurs têtes et la chaleur était grande, aussi le sommeil tomba sur Maxen Wledig. Ses serviteurs se levèrent et dressèrent leurs boucliers autour de lui sur les tiges de leurs lances pour le protéger du soleil, puis ils placèrent un bouclier émaillé d'or sous sa tête ; et c’est ainsi que Maxen a dormi.

Et Maxen Wledig, empereur de Rome fit un rêve. Et voici le rêve qu'il a fait :


Il voyageait le long de la vallée du fleuve vers sa source et arriva sur la plus haute montagne du monde. Arrivé là, il pensa que la montagne était aussi haute que le ciel ; et lorsqu'il franchit la montagne, il lui sembla qu'il traversait les régions les plus belles et les plus vastes que l'homme ait jamais vues, de l'autre côté de la montagne. En regardant devant lui, il vit de grands et puissants fleuves descendre de la montagne vers la mer, et il se dirigea vers l'embouchure des fleuves. Et poursuivant son vayage, il arriva à l'embouchure du plus grand fleuve jamais vu.

Là il vit une grande ville posée à l’embouchure du fleuve, et dans la ville il vit un vaste château couronné de plusieurs hautes tours de différentes couleurs. Puis il vit une flotte à l'embouchure du fleuve, la plus grande jamais vue. Et, au milieu de la flotte, il vit un navire qui était de loin plus grand et plus beau que tous les autres. De la partie du navire qu'il pouvait voir au-dessus de l'eau, une planche sur deux était en or et l'autre était en argent.

Il a vu une passerelle en os de baleine qui reliait le navire à la terre, et il a rêvé qu'il marchait sur la passerelle et entrait dans le navire. Alors, une voile fut hissée sur le navire qui fut porté à travers mers et océans

Puis, il lui sembla qu'il arrivait sur la plus belle île du monde entier, et il traversa l'île d'une mer à l'autre, jusqu'au rivage le plus éloigné de l'île. Là, il vit des vallées, des falaises abruptes, des rochers d'une hauteur merveilleuse et des précipices escarpés. Il n'avait jamais rien vu de pareil.
Arrivé là, il vit une autre île dans la mer, face à cette terre accidentée. Et entre lui et cette île, il y avait un pays dont la plaine était aussi grande que la mer, la montagne aussi vaste qu’une forêt. Et de la montagne, il vit un fleuve qui traversait la terre et se jetait dans la mer. Et à l'embouchure du fleuve, il vit un château, le plus beau que l'homme ait jamais vu, et comme la porte était ouverte, il entra dans le château.

Dans le château, il vit une salle féerique, dont le toit semblait être tout en or, et les murs entièrement en pierres précieuses scintillantes. Les portes, elles aussi, semblaient toutes être en or. Il a vu des sièges en or dans le hall, et des tables en argent.

Et sur un siège en face de lui, il aperçut deux jeunes gens aux cheveux auburn jouant aux échecs. Il vit un échiquier en argent et des pièces d’échec en or dessus. Les vêtements des jeunes gens étaient de satin noir de jais, et des chapelets d'or vermeil liaient leurs cheveux, sur lesquels étincelaient des bijoux de grand prix ; des rubis et des pierres précieuses. Ces jeunes gens portaient des cothurnes de cuir neuf de Cordoue aux pieds, fermées par des glissières d'or rouge.

Et à côté d'un pilier dans cette salle féerique, il vit un homme à la tête blanche, assis dans une chaise en ivoire, avec les statues de deux aigles d'or vermeil posées dessus. L’homme avait des bracelets d'or sur ses bras, de nombreux anneaux sur ses mains, et un torque d'or autour de son cou ; et ses cheveux étaient attachés avec un diadème d'or. Il était d'aspect puissant. Devant lui, il y avait un échiquier en or et une baguette en or. Et il façonnait des pièces d'échecs avec une scie en acier.


Puis Maxen Wledig, vit devant lui une jeune fille assise dans un fauteuil en or vermeil. Il aurait été plus facile pour ses yeux de fixer le soleil à son zénith que de la contempler en raison de sa beauté éclatante. La jeune fille était vêtue d’un gilet de soie blanche avec des agrafes en or rouge sur la poitrine, d’une cape de tissu d'or et d’un bandeau en or rouge sur sa tête avec des rubis et des pierres précieuses alternant avec des perles. Et une ceinture d'or vermeil l'entourait. Elle était le plus beau spectacle que l'homme ait jamais vu.
La jeune fille se leva de sa chaise en regardant Maxen Wledig. Alors il jeta ses bras autour du cou de la jeune fille. Puis ils s'assirent tous les deux dans la chaise en or : et la chaise n'était pas moins spacieuse pour eux deux que si la jeune fille avait été seule.


Et alors qu’il avait ses bras autour du cou de la jeune fille, et sa joue contre sa joue, le bruit des chiens tirant sur leurs laisses, le choc des boucliers qui frappaient les uns contre les autres, le frottement des flèches et des lances, et le hennissement des chevaux qui caracolaient, réveillèrent Maxen Wledig, l’empereur de Rome

Quand il se réveilla, Maxen Wledig n’arrivait pas à reprendre ses esprits, à cause de la jeune fille qu'il avait vue dans son sommeil, car son amour pour la jeune fille envahissait tout son corps. Alors sa maisonnée lui parla.
_« Seigneur, dirent-ils, n'est-il pas temps pour toi de prendre de la nourriture ?

Alors Maxen Wledig, l’empereur de Rome monta sur son palefroi. Et c’est l'homme le plus triste qu'un mortel ait jamais vu qui s'avança vers Rome.


2 _ Le mariage de Maxen


Maxen Wledig, resta ainsi prostré pendant l'espace d'une semaine. Quand les membres de sa maisonnée allaient boire du vin et de l'hydromel dans des vases d'or, il n'allait pas avec eux. Quand ils allaient écouter des chansons et des contes, il n'allait pas avec eux non plus. La seule chose qu’il voulait faire c’était dormir. Car chaque fois qu'il dormait, il voyait dans ses rêves la jeune fille qu'il aimait le plus, tandis que quand il était éveillé il ne savait rien d'elle, car il ne savait pas où elle demeurait

Un jour, le roi des Romains qui avait l’honneur d’être son chambellan lui parla;.
_ « Seigneur, dit-il, tout le peuple dit du mal sur toi.
_ "Pourquoi m'insultent-ils ?" demanda l'empereur.
_ « Parce qu'ils ne reçoivent plus de toi ni message ni réponse à leurs suppliques comme les hommes l’attendent de leur seigneur. C'est la raison pour laquelle on dit du mal de toi.
_ «Jeune homme, dit l'empereur, convoque les sages de Rome en conseil, et je leur expliquerai pourquoi je suis affligé.»

Les sages de Rome furent amenés devant Maxen Wledig, et il leur parla :
_ « Sages de Rome, dit-il, j'ai fait un songe. Et dans ce rêve j'ai vu une jeune fille, et loin de cette jeune fille il n'y a plus ni vie, ni esprit, ni existence en moi. _ « Seigneur, répondirent-ils, puisque tu nous juges dignes de te conseiller, nous te donnerons un conseil. Et voici notre conseil; Envoies des messagers dans les trois parties du monde pour chercher cette jeune fille. Donnes-leur trois ans pour accomplir cette mission. Et comme tu ne peux pas savoir à l’avance quel jour ni quelle nuit la bonne nouvelle peut t'arriver, l'espérance te soutiendra.

Les messagers ont voyagé pendant l'espace d'un an, errant dans le monde et cherchant des nouvelles concernant la jeune fille de son rêve. Mais quand ils revinrent à la fin de l'année, ils ne savaient rien de plus qu'au jour de leur départ. Et Maxen Wledig, était extrêmement triste, car il pensait qu'il n’aurait jamais de nouvelles de celle qu'il aimait le plus.

Alors le chambellan revint parler à Maxen Wledig,.
_ «Seigneur, dit-il, va chasser et prends la direction que tu préfères, soit vers l'orient, soit vers l'occident.»

Alors l'empereur partit à la chasse, et il arriva au bord du fleuve.
_ "Voici," dit-il, "c'est là que j'étais quand j'ai fait le songe, et je suis allé vers la source de la rivière à l'ouest."


Là-dessus, treize messagers de l'empereur repartirent, et ils virent devant eux une haute montagne qui leur sembla toucher le ciel. Quand les messagers de Maxen Wledig, voyageaient ; ils posaient une main, paume ouverte, devant leur front, pour bien montrer qu'ils n’étaient que des messagers, afin que par quel pays hostile ils passeraient, il ne leur soit fait aucun mal. Et quand ils eurent franchi cette montagne, ils virent de vastes plaines et de larges fleuves qui y coulaient.
« Voici, se dirent-ils, le pays que notre maître a vu.

Alors, ils suivirent l'embouchure des fleuves, jusqu'à ce qu'ils arrivent au fleuve puissant qu'ils virent couler vers la mer, et à la vaste ville avec les hautes tours multicolores du château. Ils ont vu la plus grande flotte du monde, dans le port du fleuve, et un navire qui était plus grand que tous les autres.
_ « Voici, se dirent-ils, le navire que notre maître a vu en songe.

Dans le grand navire, ils traversèrent la mer et arrivèrent à l'île de Bretagne. Et ils traversèrent l'île jusqu'à ce qu'ils arrivent au mont Snowdon.
_ «Voici», se dirent-ils, «le pays accidenté que notre maître a vu.»

Et ils avancèrent jusqu'à ce qu'ils voient Anglesey devant eux, et jusqu'à ce qu'ils voient Arvon également.
_ « Voici, dirent-ils, le pays que notre maître a vu pendant son sommeil. »

Et ils virent Aber Sain et un château à l'embouchure du fleuve. Le portail du château s'ouvrit, et ils entrèrent dans le château. Là, ils virent une salle merveilleuse dans le château. Alors ils se dirent :
_ "Voici la salle que notre maître a vue dans son sommeil."

Ils entrèrent dans la salle et virent deux jeunes gens jouant aux échecs sur le banc d'or. Et ils virent l'homme à la tête blanche à côté du pilier, dans la chaise d'ivoire, taillant des pièces d'échecs. Et ils virent la jeune fille assise sur une chaise d'or vermeil.

Les messagers s'agenouillèrent.
_« Salut, Impératrice de Rome! » dirent-ils
_« Messieurs, dit la jeune fille, vous avez l'apparence d'hommes honorables venus en ambassade. Alors, pourquoi vous moquez-vous de moi ? »
_« Nous ne nous moquons pas de vous, Madame ; apprenez que l'empereur de Rome vous vu dans son sommeil, et qu’il a perdu le goût à la vie à cause de vous. Nous vous proposons le choix suivant, Madame, soit vous venez avec nous et vous serez faite impératrice de Rome, soit, si vous le préférez demandez à l'empereur de venir ici afin de vous prendre pour sa femme »
_« Ha, seigneurs, » dit la jeune fille, « je ne sais pas si je dois vous croire ou non. Mais s’il est vrai que l'empereur m'aime, qu'il vienne ici me chercher. »

Et les messagers ont chevauché jour et nuit. Et quand leurs chevaux étaient fatigués, ils en achetaient d'autres qui étaient frais. Quand ils arrivèrent à Rome, ils saluèrent l'empereur, et demandèrent une audience qui leur fut accordée ;.
_« Nous serons tes guides, seigneur, dirent-ils, sur mer et sur terre, jusqu'au lieu où est la femme que tu aimes plus que tout, car nous connaissons son nom, sa parenté et sa race. »

Et aussitôt l'empereur, guidé par ces treize hommes partit avec son armée vers l'île de Bretagne ; ils traversèrent la mer et l'abîme. Il a conquis l'île de Beli, fils de Manogan, époux de Dôn et père de Caswallawn, en repoussant son armée à la mer. Puis il est allé jusqu'à Arvon. Et l'empereur a reconnu le pays qu’il avait vu en songe. Et quand il vit le château d'Aber Sain, il dit :

_"Regardez, voici le château où j'ai vu la demoiselle que j'aime plus que tout."

Et il s'avança dans le château et dans la salle merveilleuse, et là il vit Kynan, fils d'Eudav, et Adéon, fils d'Eudav, jouant aux échecs. Et il vit Eudav, fils de Caradawc, assis sur une chaise sculptant des pièces d'échecs en ivoire. Et la jeune fille qu'il avait vue dans son sommeil, il la vit assise sur une chaise en or.
_« Impératrice de Rome, dit-il, je te salue ! »

Et l'empereur jeta ses bras autour de son cou ; et cette nuit-là, elle devint son épouse.

Le lendemain matin, la demoiselle a demandé à son père ce qu’il pensait lui donner pour dot. Il lui a répondu qu’elle pouvait demander ce qu'elle voulait. Alors elle demanda à son père que l'île de Bretagne, depuis la Manche jusqu’à la mer d'Irlande, ainsi que les trois îles adjacentes, soient placées sous la tutelle de l'impératrice de Rome. Puis elle lui a demandé de construire trois châteaux principaux dans des endroits choisis par elle-même dans l'île de Bretagne. Et elle a choisi de faire construire le plus haut château à Arvon. On y apporta de la terre de Rome afin que l'empereur puisse dormir, s'asseoir et de marcher sur sa terre. Les deux autres châteaux construits pour elle, étaient Caerlleon et Caermarthen.

Un jour l'empereur alla chasser à Caermarthen, et il arriva jusqu'au sommet de Brevi Vawr, et là il planta sa tente. Et ce lieu de campement s'appelle Cadeir Maxen, encore aujourd'hui. Et parce qu'il a construit le château avec une myriade d'hommes, il l'a appelé Caervyrddin (Carmarthen). Alors Hélène décida de faire de grandes routes reliant un château à l'autre à travers l'Ile de Bretagne. Et c'est pour cette raison qu'elles sont appelées les routes d'Helen Luyddawc, ces routes issues de la demande d'une native de cette île, et que les hommes de l'île de Bretagne n'auraient jamais fait pour une autre qu’elle.

L'empereur resta sept ans dans cette île. Or, à cette époque, les citoyens de Rome avaient une coutume selon laquelle tout empereur qui restait absent de Rome plus de sept ans pouvait être déchu sans plus jamais pouvoir revenir à Rome.

Les romains ont donc élu un nouvel empereur. Et celui-ci a écrit une lettre de menace à Maxen. Il n'y avait rien d’autre dans la lettre que ces quelques mots.
_"Ne reviens pas à Rome, même si c’est ton vœu le plus cher."

Quand cette lettre arriva à Maxen qui séjournait à Caerlleon, il envoya une lettre de réponse à celui qui se faisait appeler empereur à Rome. Il n'y avait rien dans cette lettre que ces quelques mots.
_"Je veux revenir à Rome, et me voici."


3 _ Le retour vers Rome

Là-dessus Maxen partit vers Rome avec son armée, et vainquit la France et la Bourgogne, et tous les pays sur le chemin, et campa devant la ville de Rome.

Maxen Wledig, campa un an devant la ville, mais il n’arrivait pas à la conquérir. C’est alors qu’arrivèrent les frères d'Helen Luyddawc de l'île de Bretagne, à la tête d’une petite armée. Les guerriers de cette petite armée, étaient deux fois meilleurs que les Romains.

On vint prévenir l'empereur qu'on avait vu une armée s'arrêter près de son armée et camper, et que personne n'a jamais vu une armée si belle et si puissante, ni de plus beaux étendards.

Alors Hélène est allée voir l’armée, et elle reconnut les étendards de ses frères. Puis Kynan, fils d'Eudav, et Adéon, fils d'Eudav, vinrent rencontrer l'empereur. Et l'empereur se réjouit de les voir et les embrassa.

Kynan et Adéon observèrent les soldat de Maxen alors qu'ils attaquaient la ville. Kynan dit à son frère,
_"Nous allons essayer d'attaquer la ville de manière plus experte que cela."

Ils mesurèrent donc, de nuit, la hauteur de la muraille, et ils envoyèrent dans la forêt leurs charpentiers qui fabriquèrent des échelles à la bonne taille en grand nombre ; une échelle pour quatre hommes de leur armée. Quand les échelles furent prêtes, ils attendirent leur heure car ils savaient que tous les jours à midi les empereurs allaient manger, et que le combat cessait des deux côtés jusqu'à ce que tous aient fini de manger. Ce matin-là, les hommes de Bretagne mangèrent et burent copieusement. Et, à midi, tandis que les deux empereurs étaient à table, les Bretons arrivèrent face à la muraille, placèrent leurs échelles contre elle, et entrèrent aussitôt dans la ville.


Le nouvel empereur n'eut pas le temps de s'armer lorsqu'ils se jetèrent sur lui et le tuèrent, et bien d'autres avec lui. Et en trois nuits et trois jours ils maîtrisèrent les hommes qui étaient dans la ville et prirent le château. Puis certains d'entre eux montèrent la garde à l’entrée de la ville, de peur que l’une des armées de Maxen n'y entre avant qu'ils eussent tout soumis à leur volonté.

Maxen s’adressa à Helen Luyddawc.
_« Je suis étonné, madame, dit-il, que vos frères n'aient pas conquis cette ville pour moi. »
_« Seigneur, empereur, répondit-elle, ces jeunes stratèges les plus habiles du monde sont mes frères. Va-y et demande-leur la ville, et si elle est en leur possession, ils te la donneront sans discussion. »

Alors l'empereur et Hélène allèrent demander les clefs de la ville. Ses généraux dirent à l'empereur que ce n’étaient pas eux qui avaient pris la ville et que personne ne pouvait les lui donner, sinon les hommes de l'île de Bretagne. A ce moment, les portes de la ville de Rome s'ouvrirent, et l'empereur s'assit sur le trône, et tous les habitants de Rome se soumirent à lui.

L'empereur dit alors à Kynan et à Adéon :
_« Seigneurs, dit-il, je possède maintenant tout mon empire. Je vous confie mon armée pour vous aider à vaincre n'importe quelle région que vous désirez dans le monde. »

Alors Kynan et Adéon partirent et conquirent des terres, des châteaux et des villes. Et ils tuèrent tous les hommes, sauf les femmes qu'ils gardèrent en vie. Et ils continuèrent ainsi jusqu'à ce que les jeunes hommes qui les accompagnaient aient des cheveux gris.

Alors Kynan dit à Adéon, son frère :

_ « Veux-tu rester dans ce pays ou retourner dans le pays où tu es né ? »

Adéon a choisi de retourner dans son pays, et beaucoup de soldats le suivirent Mais Kynan s'attarda là-bas avec l'autre partie de l’armée et y habita.

Et Kynan et ses hommes tinrent conseil et décidèrent de couper la langue des femmes, de peur qu'elles ne corrompent leur parole. Et à cause du silence des femmes, les hommes d'Armorique apprirent le breton et sont depuis appelés Bretons. Et depuis cette époque des hommes de l’île de Bretagne y vinrent fréquemment, et viennent encore, apportant leur langue avec eux.

Et ce songe s'appelle le songe de Maxen Wledig, empereur de Rome.
Et c’est ici, que se termine. Le Songe de Maxen Wledig


Maxen et Elen ont-ils vraiment existé ?

D’après  « les vies des reines d'Angleterre avant la conquête normande de Mme Matthew Hall, » Elen était la fille unique d'Eudda et de sa femme, Guala, et ils lui cherchaient un mari. Ce qui ne devait pas poser trop de problèmes, car  Eudda et Guala, par leur union, réunissaient en une seule les familles de Galles et de Cornouailles, et les vastes possessions ainsi unies sous leur contrôle, étaient destinées à devenir, avec le temps, la dot de mariage de leur unique enfant Helena.

La jeune princesse elle-même, née à Caernarvon, possédait des qualités qui la rendaient digne de sa haute destinée.

Flavius Clemens Maximus est né d'un second mariage de Llewelyn, avec une dame romaine. Le lieu de sa naissance est disputé par l'Espagne, Rome et la Grande-Bretagne
Les poètes parlent de lui comme d'un chef de brigands  appelé en Grande-Bretagne pour repousser les Pictes et les Écossais.

La cérémonie nuptiale eut lieu à Caernarvon, où Eudda résidait et tenait une cour royale.

Maximus ne s'est pas contenté de la Grande-Bretagne. Il n'aimait pas l'empereur Gratien, à cause de l'exécution de Flavius Theodosius, faite au nom de Gratien alors que l'empereur était enfant. 

En 383, Maxime fut proclamé empereur de Grande-Bretagne et se rendit en Gaule avec une armée pour affronter Gratien.  
Gratien est tué à Lyon. 
Maximus a affirmé ne pas avoir commandé ce meurtre. 

L'Empire compte alors trois empereurs légitimes : Maxime à Trèves, Valentinien II à Milan, et Théodose Ier à Constantinople. 
Le frère de Gratien, Valentinien, âgé de 12 ans, a gouverné l'Italie et l'Afrique;
Théodose gouverna l'Orient, reconnaissant le rang de
Maxime à condition qu'il ne cherche pas à renverser Valentinien.


Elen a accompagné son mari dans sa conquête. Ils s'installèrent à Trèves (Allemagne), qui avait servi de capitale au père de Gratien. Le couple avait cinq enfants. 
Leur fils aîné, Victor, accompagnait son père dans ses campagnes. 
Un autre fils, Publicius, devint clerc et une église à Segontium (Pays de Galles) lui fut dédiée. 
Leur troisième fils, Cunetha, est apparemment resté au Pays de Galles.


En 387, Maxime décide de franchir les Alpes et d'envahir l'Italie. L'Italie est tombée, mais Valentinien et sa mère se sont échappés et ont fui chez Théodose 1°.

En 388, Théodose contre-attaque. Ses généraux ont piégé Maximus à Aquilée (Italie). 
Maximus se rendit, mais les généraux l'exécutèrent. Son fils, Victor, a été capturé en Gaule et tué.


Elen et ses filles étaient à Trèves à l'époque et ont été faites prisonnières.  
Théodose
les a confiées aux soins d'un parent et leur a fourni une pension. 
Il décida que Cunetha hériterait des terres de sa mère au Pays de Galles et que ses enfants continueraient à régner. Il semble qu’il ait pris cette décision car
Elen était toujours populaire dans son pays natal et la blesser aurait causé beaucoup de problèmes avec les Britanniques et que cela n'en valait la peine.