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LE ROI QUI VOULAIT ÉPOUSER SA FILLE

 (HIGLANDS.)

Armanel - conteur

 

Il était une fois un roi et une reine qui avaient une fille unique. Le roi était amoureux fou de sa femme et adorait sa fille. Mais il est arrivé que la reine meure, et le roi a déclaré qu'il n'épouserait pas d'autre femme que celle à laquelle iraient les vêtements de la reine défunte. Beaucoup de prétendantes se sont présentées au château du roi, mais aucune n’a réussi à relever le défi. Le roi a donc abandonné l’idée de se remarier. Mais pendant ce temps sa fille grandissait. Et un jour qu’elle avait essayé les vêtements de sa mère, elle s’est rendue auprès du roi, son père, et lui a demandé comment il la trouvait. Le roi, ébahi, lui a répondu que les vêtements lui allaient à merveille, et que conformément à son ancien vœu, il l'épouserait sans tarder. Affolée par cette déclaration, la jeune fille est allée se réfugier en pleurant près de sa nourrice, qui lui a demandé la cause de son chagrin.

_ « Mon père veut m’épouser et faire de moi sa femme!

_ « Dans ce cas, dis à ton père qu’avant de t'épouser, il devra te donne une robe faite avec des plumes qu’il aura prises, lui-même, sur le dos d'un cygne. »

Le roi est parti à la recherche du cygne et est revenu au bout d’un an et un jour, avec la robe. Alors la princesse est retournée voir sa nourrice qui lui a conseillé de dire à son père qu’avant de l'épouser, il devrait lui donner une robe qu’il aurait faite avec les roseaux du marais.

Afin de satisfaire sa fille, le roi est reparti. Et au bout d'un an et un jour, il est revenu avec la robe.

Pour la troisième fois, la jeune fille est retournée voir sa nourrice, qui lui a demandé la cause de son chagrin.

_ « Cette fois-ci, demande-lui de te rapporter une robe de soie d'or et d'argent capable de tenir debout toute seule. »

Toujours désireux de satisfaire sa fille, le roi est reparti. Et au bout d'un an et un jour, il est revenu avec la robe.

_ « Demande-lui aussi un soulier d'or et un soulier d'argent. » a dit la nourrice

Le roi a donné le soulier d'or et le soulier d'argent à sa fille.

_ « Demande lui maintenant un coffre qui se ferme de l’extérieur et de l’intérieur et

qui puisse flotter sur la mer ou rouler sur la terre selon ta volonté. »

 

Quand la princesse a eut le coffre, elle y a enfermé les plus belles des robes de sa mère, et celles que lui avait données son père. Puis elle est entrée dans le coffre en demandant à son père de le placer sur la mer afin qu'elle puisse voir comment il flottait. Ce que le roi a fait, et quand le coffre était posé sur la mer, il a vogué jusqu’à disparaître à l’horizon.

 

Le coffre s’est échoué sur un autre rivage et a attiré l’attention d’un jeune berger qui a essayé de l’ouvrir car il espérait y trouver de grandes richesses. Pendant qu’il était penché sur le coffre, il a entendu une voix qui lui disait:

_ « Ne brise pas ce coffre, mais va trouver ton père et dis-lui de venir ici car la chance de sa vie est enfermée à l’intérieur. »

Le père du jeune berger est venu immédiatement. La princesse a ouvert le coffre de l’intérieur et a suivi le père du berger jusque chez lui.

Or il se trouve que le père du jeune berger était lui même lui-même le berger d'un roi et vivait près du palais.

_ « Je voudrais travailler, dit la princesse, crois-tu que je pourrais me mettre en service dans cette grande maison? »

Le berger a répondu:

_ « On n'a besoin de personne dans le palais, sauf d'une fille de cuisine. »

_ «  Cela me convient très bien »

Le berger a parlé en faveur de la princesse, et elle a été prise comme servante dans la cuisine

 

Le dimanche, tous les gens du palais se rendaient à la messe, et quand ils ont proposé à la princesse de les accompagner, elle leur a répondu qu'elle avait un petit pain à cuire et qu'elle était obligée de rester à la cuisine. Dès qu'ils furent partis, elle a couru à la maison du berger pour mettre sa robe en plumes de cygne. Puis elle est allée à l’église où elle s’est assise en face du fils du roi. Au premier regard le fils du roi est tombé amoureux d’elle. Mais elle est partie un peu avant la fin de la cérémonie, retournée à la maison du berger et a remis sur elle ses vêtements de fille de cuisine. Quand les domestiques sont rentrés à leur tour, ils ne parlaient que de la belle femme qu'ils avaient vue à l'église.

 

 Le dimanche suivant, les domestiques ont demandé à la princesse:

_« Venez-vous à la messe aujourd’hui? »

Elle a répondu qu'elle ne pouvait pas, parce qu'elle avait un petit pain à cuire. Dès qu'ils furent partis, elle a couru à la maison du berger pour mettre sa robe en roseaux du marais. Puis elle est allée à l’église. Le fils du roi était à la même place que le dimanche précédent, et elle s’est assise en face de lui. Elle est sortie avant tout le monde, a changé de vêtements et est revenue à la cuisine avant tout le monde. Quand les domestiques sont rentrés à leur tour, ils ne parlaient que de la belle femme qu'ils avaient vue à l'église.

 

 Le troisième dimanche, les domestiques ont demandé à la princesse si elle viendrait à l'église cette fois-ci, et elle a répondu qu'elle ne pouvait pas, parce qu'elle avait un petit pain à cuire. Dès qu'ils furent partis, elle a couru à la maison du berger pour mettre sa robe d'or et d'argent qui tenait debout toute seule; et en plus, elle a chaussé le soulier d'or et le soulier d'argent et s’est rendue à l’église Le fils du roi était assis au même endroit que le dimanche d'avant; et elle s’est placée près de lui. Mais, cette fois, le roi avait donné ordre que les portes soient bien gardées. Avant la fin de la cérémonie, elle s’est levée et a profité d'un moment d’inattention des gardes pour s'esquiver, mais en s'enfuyant, elle a laissé tomber un de ses souliers. Le fils du roi a dit:

_« J'épouserai la personne qui pourra chausser ce soulier. »

 

 

Beaucoup de femmes du royaume se sont présentées au palais pour essayer de chausser le soulier, mais ce fut en vain. Pendant tout ce temps, sur le haut d'un arbre, un petit oiseau sautait de branche en branche, et disant:

_« Essayez, essayez tant que vous voudrez; ce soulier ne vous ira pas, mais il ira à la fille de cuisine. »

Quand le fils du roi s’est aperçu que personne ne pouvait chausser la pantoufle, il est tombé malade et a du se mettre au lit. La reine est allée à la cuisine chercher un bol de soupe pour son fils malade et a expliqué la situation aux serviteurs.

_ « Montrez-moi donc ce beau soulier, a dit la laveuse de vaisselle; soyez sans crainte je ne vous le salirai pas?

— La reine est allée dire à son fils que la fille de cuisine voulait aussi essayer la pantoufle.

_ « Pourquoi pas? Qui sait si le soulier ne lui ira pas? Qu'elle l'essaie si bon lui semble. » a dit le prince

La reine est redescendue dans la cuisine avec le soulier et l’a posé sur le sol

Aussitôt que la pantoufle a touché le dallage, elle a sauté toute seule au pied de la fille de cuisine. Devant la reine étonnée, elle a dit

_ « Que diriez-vous si je vous montre l’autre pantoufle? »

 

Elle est allée à la maison du berger, a mis les souliers et revêtu la robe d'or et d'argent qui

se tenait debout toute seule. Puis elle est revenue au palais, et elle a épousé le fils du roi.