Le Brownie des McCulloch 

Galloway

Proposé par Lord Blackwood / Lanarkshire
Traduit par Armanel - conteur

Dans les pays anglo-saxons. les petits êtres et esprits de la terre attachés à une famille noble sont nombreux 
rès discrets, ils protègent les membres de ces familles. 
Et s’ils manifestent leur présence, c'est qu'ils ont un motif de se plaindre…

C’était le cas chez les McCulloch

Le jeune et brave seigneur écossais, nommé Godfrey Mc Culloch aimait chevaucher à travers la lande. En Écosse, on n'a que faire de domaines rabougris : les possessions des Mc Culloch étaient immenses et Godfrey aimait les parcourir fièrement monté sur son cheval. Il lui fallait plusieurs journées pour en faire le tour. Aussi, il passait le plus clair des on temps sur son cheval, qu’il pleuve ou qu’il vente. Tous les beaux paysages recouverts de bruyère qu'il traversait lui appartenaient Il vérifiait ses frontières avec ses voisins un peu envahissants, contrôlait la bonne tenue de ses villages qu’il mettait à la disposition des villageois, localisait les troupeaux de moutons qui paissaient de ci de là, jetait un coup d'œil aux tourbières et aux murets de pierres sèches, puis rentrait au château. Et là, bien au sec, il notait aussitôt tout ce qu'il était nécessaire d'améliorer afin que son domaine continue à prospérer.

Ce jour-là, sir Godfrey Mc Culloch avait presque fini sa tournée. La journée était froide et humide et il était pressé de rentrer chez lui pour s'installer au coin de la cheminée avec un bon verre.

Il lui restait à peine quelques miles à parcourir pour arriver dans son manoir quand il vit un petit cheval inconnu et son cavalier se dresser soudain devant lui. Sir Godfrey se gratta le front.Comment étaient-ils arrivés là sans qu’il put les voir venir de loin ? La journée était froide et humide mais il n’y avait pas de brume et le paysage était bien dégagé. Intrigué, sir Godfrey salua le cavalier.

_ Salut à vous et bienvenue sur mes terres.

- Moi, je ne vous salue pas ! répondit le cavalier.

- Allons bon, se dit Godfrey, qu’ai-je fait à cet pour homme pour qu’il soit impoli envers moi ?

Sir Godfrey regarda de plus près son interlocuteur perché sur un petit cheval blanc hirsute. L'homme semblait très vieux, avait le visage ridé et maussade. Ses cheveux étaient blanc-jaune, ses membres noueux… Il portait un petit habit vert tout fripé et un petit bonnet de la même couleur.

- Il faut que vous sachiez que j'habite juste au-dessous de chez vous… commença l'étranger.

- Impossible, l'interrompit Mc Culloch, personne n’habite au-dessous de chez moi ! Il n’y a que mes caves qui sont d’ailleurs bien surveillées et que je vous déconseille de visiter.

- Ecoutez-moi, continua l'autre homme d'un ton irrité. J'habite au-dessous de chez vous et les canalisations de vos égouts pleuvent chez moi. Ce qui est fort désagréable !

- Vous pourriez répéter ! s'écria Godfrey Mc Culloch.

- Ce que j’ai à vous dire c’est que vous feriez mieux de réparer tout votre système d'évacuation, grogna le petit être. Je ne supporte plus cette eau qui me coule sur la tête et détériore mon logis.

Après un moment de stupeur compréhensible, Sir Godfrey Mc Culloch avait fini par reconnaître un Brownie dans le petit homme. C'est ainsi qu'on appelle en Écosse les petits êtres à figure humaine qui croisent parfois la route des humains.

Je vous ai dit plus haut que les Brownies vivent en bonne intelligence avec les humains, mais à condition qu'on soit aimable avec eux et qu'on ne leur complique pas la vie.

« Si je comprends bien, il y a donc un Brownie sous mon château »,se dit Godfrey. En voilà une surprise, je n'aurais jamais imaginé cela.

- Faites réparer vos maudites canalisations, continua le Brownie, ou vous pourriez le regretter.

Ayant proféré sa menace il s'éloigna sur son poney blanc et disparut.

Sir Mc Culloch se garda bien de désobéir au Brownie. Il fit vérifier ses tuyauteries, et répara sans tarder les canalisations qui fuyaient. Il supposa que le Brownie était satisfait des travaux, puisqu'il n'entendit plus parler de lui.



Quelques années plus tard, Mc Culloch eut des problèmes avec un de ses voisins qui essayait de déplacer la frontière entre les deux domaines. La querelle s’envenima, et Sir Godfrey Mc Culloch eut la mauvaise idée de le provoquer en duel. Idée funeste, car ayant blessé son adversaire, il fut emprisonné à Édimbourg, jugé et condamné à mort.

Le jour de l'exécution, Mc Culloch fut conduit en charrette, mains liées derrière le dos, à l'échafaud où l'attendait la hache du bourreau. La foule était venue nombreuse et se pressait contre le convoi. On criait criait son nom, on lui crachait à la figure et on tentait d’arracher ses vêtements. Sir Godfrey, certain que sa dernière heure était venue, ne pouvait que murmurer quelques prières.

Tout à coup, au milieu de la foule, un bruit de galopade se fit entendre et un petit poney blanc, monté par le Brownie, arriva au pied de l’échafaud. Le Brownie fit sauter sir Godfrey en croupe derrière lui, s'élança au grand galop et disparut à une vitesse telle que les hommes d'armes ne purent l’en empêcher.

Et c’est ainsi que, le Brownie avait sauvé la vie de son seigneur, l'habitant des étages supérieurs, pour une canalisation réparée.

On dit que Sir Godfrey Mc Culloch ne fut pas poursuivi par ses juges et put continuer à diriger ses terres.

On dit aussi que, depuis cette époque, le clan prestigieux des Mc Culloch ne manque jamais une occasion d'honorer son Brownie, qui fait désormais pour ainsi dire partie de la famille.