LA
BELLE AUX CLEFS D’OR
Armanel _ conteur
Il était une fois un roi qui avait trois fils ; quand ils furent devenus grands, le roi leur demanda de choisir chacun un métier, celui qui leur plairait le plus.
L’aîné des trois fils dit :
— Je veux être chasseur ; ainsi tous les jours je partirai avec mes chiens dès le matin et je ne rentrerai que quand le soir tombe.
— Je serai soldat, répondit le second.
_ Et moi, je serai marin, ajouta le troisième.
Le lendemain, ils partirent tous les trois, chacun de leur côté. L’aîné alla à la chasse, et quand il arriva dans la forêt, il vit une vieille femme qui déracinait un petit arbre vert.
— Que fais-tu là, vieille sorcière ? Cet arbre est à moi, laisse-le tranquille et va-t’en vite d’ici.
— Ne me parle pas si durement, jeune homme, répondit la vieille femme.
— Va-t’en, ou je vais te battre, ajouta le fils du roi.
La vieille s’en alla en grommelant, et le prince commença à chasser; il remplit sa gibecière de lapins, et de lièvres, et son père était bien content de voir qu’il était adroit dans le métier qu’il avait choisi.
Le lendemain, le prince retrouva la vieille femme au même endroit :
— Sors de ma forêt, lui cria-t-il ; je t’avais défendu d’y revenir.
Elle s’en alla sans mot dire : le prince continua à chasser et remplit sa gibecière de lapins et de lièvres.
Le troisième jour, il vit la vieille femme au même endroit :
— Ah ! Cette fois-ci, ça suffit, s’écria-t-il, je vais te fouetter.
Le prince se mit à frapper si fort la vieille femme qu’elle tomba par terre. Elle se releva rapidement et disparut dans la forêt. Le jeune prince continua à chasser dans la forêt, et il vit au milieu d’une clairière un lièvre assis sur son derrière et qui le regardait.
— Tiens, se dit-il, voici un lièvre qui n’est pas peureux.
Le jeune prince voulut l’attraper ; mais le lièvre se leva, et il marchait du même pas que le chasseur, courant quand le prince courait, s’arrêtant quand le prince s’arrêtait. Le prince le poursuivit toute la journée sans pouvoir l’atteindre, et la nuit venue, il le vit disparaître dans une caverne où il entra à sa suite. Alors un homme effrayant qui avait les dents longues comme la main apparut devant lui, et lui dit :
— Ce n’est plus à un lièvre ni à une vieille femme que tu vas avoir affaire, mais c’est à moi : Je suis le diable.
— Excusez-moi, répondit le jeune prince, je ne savais pas qui vous étiez et je ne voulais pas vous déranger.
— Je vais te tuer, dit l’homme aux grandes dents.
Mais le prince se mit tant à le supplier de le laisser vivre, que l’homme se laissa toucher et lui dit :
— Je veux bien t’accorder la vie ; mais à une condition ; tu seras mon domestique et tu devras faire tout ce que je te commanderai.
L’homme effrayant emmena le prince dans son écurie où il y avait deux chevaux : le premier cheval, qui était gris, avait une auge pleine d’avoine ; l’autre, était une jument blanche, qui n’avait devant elle que des ronces à manger.
_ Tu devras bien nourrir le cheval gris et lui donner à boire l’eau de la claire fontaine ; dit l’homme, mais la jument tu la laisseras sans manger, et tous les jours tu la frapperas à grands coups de gourdin. Je dois partir pour faire le tour de la terre et je reviendrai dans un an, mais obéis-moi bien, ou gare à toi. Car j’ai une cloche qui m’avertira si tu ne suis pas mes ordres ici.
L’homme partit pour faire le tour de la terre. Le lendemain matin le prince soigna de son mieux le cheval gris et se mit à frapper la jument blanche.
— Pas si fort, pas si fort, cria la jument blanche.
— Mais, les chevaux parlent ici ? se demanda le jeune homme.
— Oui, répondit la jument, je parle et c’est pour ton bien ; écoute mes paroles, ou dans trois jours tu subiras le même sort que moi. J’ai été attrapée comme toi et changée en jument.
— Comment vais-je faire pour me sauver ?
— Donne-moi de l’avoine afin que je prenne des forces, et dans trois jours je t’emporterai sur mon dos.
Le prince la soigna de son mieux, et au bout de trois jours la jument blanche reprit des forces et fut capable de galoper très vite.
— Mets, lui dit-elle, une selle sur mon dos ; prends avec toi ta brosse, ton étrille et ton bouchon, et prépare-toi à monter sur moi, car bientôt la cloche va sonner et le diable va être prévenu de notre départ.
Quand le prince fut en selle, la jument lui dit :
— Éperonne, éperonne dur.
La jument courait comme le vent, et répétait au prince :
— Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?
— Non, rien, répondait le prince.
— Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien derrière nous ?
— Si, j’aperçois un gros nuage, avec du feu au milieu, qui s’avance sur nous.
— Est-il loin ?
— Non, il nous atteint.
— Jette ta brosse derrière toi. Cria la jument blanche.
Aussitôt une forêt si épaisse s’éleva derrière eux que le diable ne put la traverser et fut obligé d’en faire le tour.
Pendant ce temps la jument courait comme le vent et répétait :
— Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?
— Non. Répondait le prince.
— Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?
— Non, rien.
— Éperonne, éperonne dur et regarde bien.
— Ah ! Je vois un nuage noir qui vient, qui vient, qui nous rattrape.
_ Jette vite ton étrille. Cria la jument blanche
Aussitôt s’éleva une montagne si haute qu’on n’en voyait pas le sommet. Le diable fut encore obligé d’en faire le tour, et pendant ce temps la jument blanche courait comme le vent en répétant :
— Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien ?
— Non. Répondait le prince.
— Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?
— Rien encore.
— Éperonne, éperonne dur, et regarde derrière toi.
— Ah ! je le vois qui vient, qui vient, qui nous attrape.
— Jette ton bouchon.
Il s’éleva derrière eux une montagne plus haute encore et plus escarpée que la première ; le diable fut obligé d’en faire le tour, et pendant ce temps la jument blanche courait comme le vent.
_ Surveille bien ce qui se passe derrière nous, dit-elle à son cavalier : nous allons arriver à un pont, et quand nous aurons passé le milieu, le diable n’aura plus de pouvoir sur nous.
Ils s’engagèrent sur le pont, mais le diable saisit la jument par la queue au moment où ses quatre pieds avaient passé le milieu du pont. Alors le prince coupa avec son couteau les crins de la queue qui restèrent dans la main du diable.
Le diable criait au jeune prince :
— Rends-moi mon cheval ! Rends-moi mon cheval !
— Non, jamais, répondit le prince.
Le diable resta longtemps sur le pont à crier, mais il finit par se lasser et s’en alla.
— Qu’allons-nous devenir maintenant ? demanda le prince à la jument ; je voudrais bien retourner dans mon pays.
— Non, répondit la jument blanche, il faut faire route pour Paris.
La jument se remit à marcher, et, sur la route, le jeune prince trouva un ruban en diamants qui éclairait la nuit comme le jour.
Dans ce temps-là, Paris n’était pas aussi grand qu’il est maintenant ; quand ils arrivèrent, le jeune prince emmena la jument blanche dans un pré ou l’herbe était grasse et fraîche à faire plaisir.
_ Tu vois ce grand château, dit la jument au jeune prince, c’est là que demeure le roi ; je sais qu’il a besoin d’un berger pour ses brebis. Va te présenter comme berger, il te prendra à son service, et tous les jours tu amèneras ton troupeau ici.
Le jeune prince se présenta au château, et, comme un des bergers était malade, on l’engagea pour le remplacer. Il conduisit ses brebis à l’endroit où pâturait la jument blanche, et quand elle le vit, elle dansait et hennissait de joie. Il ramena ses brebis le soir ; elles étaient belles et bien repues, tandis que celles des autres bergers étaient maigres et rabougries. Tous les jours le prince retournait sur le pré où était sa jument et son troupeau engraissait à vue d’œil, alors que celui des autres bergers ne faisait que maigrir.
_ Ah ! disait le roi, voici un berger qui a des brebis bien plus belles que les autres
Les autres bergers étaient jaloux du jeune prince et ils cherchaient le moyen de le perdre. Une nuit, le prince sortit son ruban de diamants se mit à le regarder; il éclairait comme plusieurs lampes, et la lumière brillait à travers les fentes de l’étable. Mais, le roi avait défendu d’allumer de la chandelle le soir dans les étables Les autres bergers vinrent trouver le roi et lui dirent :
— Maître, le nouveau berger allume de la chandelle malgré votre défense.
Le roi vint voir, mais le prince entendit du bruit, et il ramassa vivement ses diamants dans sa poche. Le roi ne vit point de lumière et il traita ses bergers de menteurs.
Les autres bergers se dirent :
— Pour nous défaire de lui, nous allons raconter au roi que le berger s’est vanté de pouvoir amener ici la Belle aux clefs d’or.
Ils allèrent parler au roi qui fit venir le prince, et lui dit :
— Tu t’es vanté de pouvoir ramener la Belle aux clefs d’or ici : il faut que tu tiennes ta parole et que tu me l’amènes ici.
— Jamais je n’en ai parlé, répondit le prince-berger, et je ne savais pas même qu’elle existât.
— Cela m’est égal, dit le roi, amène-la ici, ou il n’y a que la mort pour toi.
Le prince-berger se rendit en pleurant à la pâture où était la jument blanche, qui en le voyant se mit à sauter de joie ; mais elle s’aperçut bientôt qu’il avait l’air affligé :
— Pourquoi es-tu triste ? Lui demanda-t-elle.
— Le roi m’a ordonné de lui amener la Belle aux clefs d’or : je ne sais pas où elle demeure et je me désole, car si je n’y parviens pas, il a juré de me tuer.
— Et c’est pour ça que tu pleures ? répondit la jument. Ce n’est pas la peine de te chagriner pour si peu. Tu vas dire au roi de te faire construire un vaisseau qui brille comme le soleil : tu t’y embarqueras avec quelques hommes d’équipage, et tu te dirigeras vers l’ouest-nord-ouest. Tu arriveras au château de la Belle aux clefs d’or qui est bâti au pied des montagnes et soutenu par quatre géants. Les montagnes brillent comme des diamants parce qu’elles sont couvertes de neige. Là tu verras la Belle aux clefs d’or et tu l’inviteras à monter à bord de ton vaisseau.
Le jeune prince alla demander au roi un vaisseau brillant comme le soleil ; quand le vaisseau fut terminé, il s’embarqua dedans avec son équipage, et suivant les indications de la jument blanche, il vint mouiller en vue du château de la Belle aux clefs d’or. La princesse était à sa fenêtre et elle regardait le navire.
— Bonjour, princesse, lui dit le jeune homme.
— Bonjour, sire, répondit la Belle aux clefs d’or, qui prenait le berger pour un roi.
— Je suis venu pour visiter votre château. Voulez-vous me le permettre ?
— Oui, répondit-elle.
Quand le prince eut parcouru tout le château, la belle aux clefs d’or lui donna à boire et à manger et lui dit :
— Hé bien ! Avez-vous d’aussi beaux châteaux dans votre pays ?
— Non, répondit-il, mais si vous voulez venir à bord de mon navire, vous conviendrez qu’il n’a pas son pareil.
— J’irai, dit la princesse, le visiter dans deux heures.
Le prince retourna à son bord et commanda à ses matelots de tout préparer pour l’appareillage et de lever l’ancre, pendant que la princesse serait occupée à regarder le navire.
La Belle aux clefs d’or arriva sur le vaisseau ; le jeune homme le lui fit visiter en détail, et lorsqu’elle remonta sur le pont, la terre était déjà bien loin. Quand la princesse vit qu’on l’emmenait, elle se mit à crier et à s’arracher les cheveux.
— Ah ! Malheureux, lui dit-elle, pourquoi m’as-tu trompée ?
— Je suis venu, répondit-il, vous chercher par l’ordre du roi, et si je n’avais pas réussi, il m’aurait tué.
La princesse, de colère, jeta ses clefs d’or à la mer, et le vaisseau continuant sa route arriva au port et salua la ville, qui répondit par une salve de vingt et un coups de canon
.
Quand le roi vit la Belle aux clefs d’or, il fut bien joyeux, et il voulut se marier avec elle, mais elle ne pouvait pas le souffrir et le repoussait toujours.
— Je ne vous épouserai, lui dit-elle, que si vous me remettez les clefs d’or de mon château.
Le roi fit venir son prince-berger et lui dit :
— Tu as amené ici la princesse ; maintenant il faut que tu me rapportes ses clefs d’or ou il n’y a que la mort pour toi.
Le prince-berger alla trouver sa jument blanche ; il y avait longtemps qu’elle ne l’avait vu, et elle commençait à être malade de chagrin ; mais il la caressa et elle fut tout d’un coup guérie. Comme il avait la mine triste, elle lui demanda pourquoi il se chagrinait encore.
— J’ai amené au roi la Belle aux clefs d’or, répondit-il ; maintenant le roi veut que j’aille chercher ses clefs qu’elle a jetées à la mer.
— S’il n’y a que cela, dit la jument blanche, tu peux te consoler. Demande au roi de te faire construire un navire de petite taille, mais bon marcheur ; tu mettras à l’arrière une pierre bien droite, et quand tu seras à peu près rendu à l’endroit où la Belle a jeté ses clefs d’or à la mer, tu frapperas trois coups sur la pierre avec cette baguette. Tu verras sortir de l’eau un petit homme qui menacera de te dévorer ; mais ne t’effraye pas et frappe-lui sur la tête avec ta baguette, jusqu’à ce qu’il ait jeté les clefs sur le pont du navire.
Le prince-berger alla demander au roi un navire petit, mais bon marcheur, et il s’embarqua à bord pour se rendre à l’endroit où la princesse avait lancé ses clefs à la mer. Quand il y fut rendu, il frappa trois coups de baguette sur la pierre qui était dressée bien droite à l’arrière ; aussitôt, il vit sortir de la mer un petit homme qui ouvrait une grande bouche en criant :
— Je vais te manger ! je vais te manger !
Mais le jeune prince se mit à lui frapper des coups de baguette sur la tête en lui disant :
— Si tu ne vas pas me chercher les clefs d’or que la princesse a lancées dans la mer, je vais continuer à te battre.
Le petit homme plongea dans l’eau, et il en rapporta les clefs d’or qu’il jeta sur le pont. Aussitôt le navire se remit en marche et il ne tarda pas à arriver au port, qu’il salua avec son artillerie.
Quand le roi eut les clefs, il fut bien content, et il les donna à la princesse en lui disant :
— Maintenant vous allez vous marier avec moi.
— Non, répondit-elle ; si vous voulez que je vous épouse, il faut que celui qui est allé chercher les clefs amène ici mon château.
Le roi fit venir son prince-berger et lui dit :
— Tu vas aller chercher le château de la princesse et l’amener ; si tu ne le fais pas, il n’y a que la mort pour toi.
Le jeune homme était bien triste ; il retourna à la pâture où était la jument blanche, mais elle avait maigri et semblait presque morte.
— Je croyais, lui dit-elle, que tu allais me laisser mourir. C’est bien mal de ta part, moi qui t’ai sauvé quand tu étais chez le diable.
— Ah ! répondit-il, j’ai été si content d’être revenu que je t’avais oubliée. Le roi m’a ordonné d’aller chercher le château de la Belle aux clefs d’or ; mais cette fois, je crois bien que ma mort est au bout.
— Non, dit-elle, ne t’effraye pas ; tu vas demander au roi de te faire construire un navire, le plus grand qu’on pourra faire. Tu le chargeras de vin et de mets délicieux, et tu retourneras au château. Tu verras les géants qui le portent sur leur tête, et après leur avoir donné à manger, tu leur diras de venir avec toi dans ton pays.
Le roi fit construire pour son berger un navire, le plus grand qui n’a jamais été fait ; on le chargea de vins et de mets délicieux, et le prince mit la voile pour aller dans l’ouest-nord-ouest au château de la Belle aux clefs d’or. Quand le jeune homme y arriva, les géants qui soutenaient le château sur leur tête avaient si grand’faim qu’ils allaient se battre pour se dévorer entre eux. Le jeune prince fit débarquer les vins et les vivres, et les géants se régalèrent ; ils vidaient par la bonde les barriques de vin et mangeaient un bœuf à chaque fois.
— Vous êtes meilleur que notre maître, lui dirent-ils ; il nous laisse crever de faim.
— Si vous voulez venir dans mon pays, répondit-il, je vous donnerai à manger tant que vous voudrez. Le château que vous portez vous paraît-il bien lourd ?
— Non, il ne pèse pas plus qu’une plume.
— Voulez-vous l’emporter avec vous ?
— Oui, volontiers.
Le prince embarqua les géants qui portaient le château sur leur tête, et quand il arriva, il les fit débarquer et les conduisit à la Belle aux clefs d’or.
Lorsque le roi vit le château venu, il était bien joyeux et il dit à la princesse :
— Maintenant, je pense, vous allez vous marier avec moi.
— Si vous voulez que je vous épouse, répondit-elle, il faut que vous fassiez brûler celui qui est allé chercher mon château et mes clefs d’or.
Quand le jeune homme eut connaissance de ce que la Belle aux clefs d’or avait demandé au roi, il alla trouver en pleurant sa jument blanche.
— Ah ! lui dit-il, cette fois je suis perdu : le roi veut me faire brûler pour épouser la princesse.
— Ne t’inquiètes pas de cela ? lui répondit-elle. Tu vas t’habiller en toile des pieds à la tête ; voici une petite bouteille que tu verseras sur tes habits et ainsi , quand tu seras sur le bûcher, tu ne brûleras point ; ensuite tu deviendras invisible, tu quitteras le bûcher et tu parleras au roi derrière la foule.
Le jeune homme fit ce que la jument blanche lui avait dit. Le lendemain on apporta dans la cour du palais plus de deux cents fagots, on plaça le prince-berger au milieu et on mit le feu au bûcher ; mais il ne brûla point ; il sortit du milieu des flammes et alla se mettre dans la foule.
Le roi le vit et lui dit :
— Je croyais t’avoir brûlé ; comment as-tu fait pour ne pas être rôti ?
— J’ai acheté des habits de toile et le feu ne m’a point touché.
— Si vous voulez vous marier avec moi, dit la Belle aux clefs d’or au roi, il faut que vous fassiez comme le berger, et que vous montiez sur un bûcher.
— C’est facile, répondit le roi.
Le roi se fit faire un habit tout en toile, et se plaça au milieu de trois cents fagots ; mais quand ils furent allumés, il fut étouffé et brûla.
Alors la Belle aux clefs d’or dit au jeune homme :
— C’est toi que je veux épouser.
Le jeune prince était bien content, et il alla raconter à la jument blanche que la Belle aux clefs d’or voulait se marier avec lui.
— Si tu veux l’épouser, lui dit-elle, il faut auparavant me tuer et couper mon cœur en deux morceaux.
— Non, répondit-il.
— Si, il faut que tu le fasses, je le veux.
Il tua la jument blanche, et, quand il eut coupé son cœur en deux morceaux, il en sortit une dame belle comme un jour qui lui dit :
- Tu aurais pu être heureux avec moi, mais tu es un ingrat ; pars maintenant et va te marier, mais je t’assure que tu seras malheureux toute ta vie.
-
Elle disparut et jamais le prince ne la revit. Il épousa la Belle aux clefs d’or, mais il fut malheureux à faire pitié et il mourut dans la misère.