L’enfant
-lutin
Inishark
Armanel _ conteur
L'île d’Inishark a été occupée pendant des milliers d'années et possède de nombreux sites de l'âge du bronze tels que des cimetières et des monuments.
Le saint patron de l'île était Leo of Inis Airc, qui y habita entre le sixième et le huitième siècle.
Elle est désormais inhabitée, les 23 derniers habitants de cette ancienne communauté de pêcheurs et d'agriculteurs isolée ont été évacués en octobre 1960. Le gouvernement avait décidé de les réinstaller sur le continent plutôt que de construire une jetée coûteuse sur l'île.
Inishark est composé presque entièrement d’ardoises et de schistes siluriens. Elle s'élève à presque 100 mètres au dessus du niveau de la mer.
Le film Inis Airc, Bás Oileáin (La mort d'une île), produit en 2007 raconte l'histoire des dernières années et de l'abandon d'Inishark. Produit et réalisé par Kieran Concannon, il contient des interviews d’insulaires survivants et des archives d’actualités concernant l’évacuation finale.
Une vieille femme vivant à Innis-Sark a déclaré que, dans sa jeunesse, elle connaissait une jeune femme mariée depuis cinq ans mais sans enfants.
Son mari était un dur à cuire, et avait pris l’abominable habitude de se moquer d’elle et de la battre régulièrement, parce qu'elle n’arrivait pas à avoir d’enfant. Mais, un jour, enfin, un enfant lui est né; et il était beau à regarder comme un ange du ciel. Et le père était si fier de l'enfant qu'il restait souvent à la maison pour bercer le nouveau-né et aider sa femme au travail.
Un jour, alors qu’il berçait le berceau, l’enfant leva brusquement les yeux vers lui et le père s’aperçut que l’enfant avait une grande barbe qui poussait sur son visage. Alors le père a crié à sa femme
_ « Ce n'est pas un enfant que je berce dans mes bras, mais un démon! Vous lui avez certainement lancé un mauvais sort. »
Et il la frappa et la battit plus que jamais auparavant de sorte qu'elle a crié à l'aide en hurlant de terreur. Aussitôt les ténèbres ont envahi la maison, le tonnerre a roulé sur leurs têtes, et la porte s'ouvrit toute grande avec un grand fracas et deux femmes étranges, avec des coiffes rouges sur leurs têtes et de gros bâtons dans leurs mains, sont apparues dans la pièce. Et elles se sont précipitées sur l'homme, et l’une d’elles tenait ses bras pendant que l'autre le battait jusqu'à ce qu'il soit presque mort.
_ « Nous sommes les fées vengeresses », ont-elles dit; « Regarde-nous bien et tremble de peur, en pensant à nous, si jamais tu veux battre à nouveau ta femme, car nous viendrons alors pour te tuer. Agenouille-toi maintenant et demande pardon à ta femme. »
Et quand le pauvre misérable le fit, tout tremblant d'effroi, elles disparurent en un instant.
Quand elles furent parties, l'homme dit :
_ « Cette maison n'est pas un endroit convenable pour moi. Je te quitte pour toujours. »
Alors il s'en alla et ne revint plus jamais embêter sa femme.
Une fois le père parti, l'enfant s'est assis dans le berceau.
_ « Ecoute-moi, maman, » dit-il, « puisque ce vilain homme est parti, je vais te confier un secret, et je vais te dire ce que tu dois faire. Il y a un puits sacré près d’ici. Il est si bien caché que tu ne l'as jamais vu, mais si tu cherches bien tu sauras le trouver, caché derrière un bouquet de joncs verts qui pousse sur son entrée. Va là-bas, baisse-toi et appelle trois fois à haute voix, et une vieille femme viendra et quoi que tu veuilles, elle te le donnera. Mais ne parle à personne du puits sacré ou de la femme, ou le malheur s’abattra sur toi ».
Alors la mère promit, alla au puits et cria trois fois; et une vieille femme en sortit et dit:
_ « Femme, qui es-tu et pourquoi m'appelles-tu? »
La pauvre mère effrayée par cette apparition répondit en tremblant:
_ « Mon enfant m’a envoyé, et je te prie de me faire du bien et non du mal. »
_ « Puisque tes intentions sont pures descends avec moi dans le puits », répondit la vieille femme, « et n'aie pas peur de moi ou de tout ce que tu verras. »
La mère, un peu rassurée, lui tendit la main et la vieille femme la conduisit vers un escalier de pierre ; Elles sont arrivées devant une porte massive fermée, la vieille femme la déverrouilla et lui ordonna d'entrer. Mais la mère avait peur et s’est mise à pleurer.
_ « Entrez, » dit l'autre, « et ne craignez rien. Car cette porte est la porte du palais du roi des fées, et vous verrez la reine des fées elle-même, car c’est son fils que vous allaitez. Le roi, son mari, est avec elle sur son trône d'or. Ne craignez rien. Ne posez pas de questions. Faites juste ce qu’ils vous demandent. »
Elles sont entrées, l’une suivant l’autre, dans une grande salle avec un sol en marbre, des murs en or massif et une grande lumière brillait sur tout, de sorte que les yeux, éblouis, pouvaient à peine s’ouvrir. Puis elles passèrent dans une autre pièce et au fond de celle-ci, sur un trône d'or, était assis le roi des fées. Il était très beau, et à côté de lui était assise sa reine, belle et habillée de vêtements tissés de fils d’or et d'argent.
_ « Voici, Madame, la nourrice de votre fils, le jeune prince », dit la vieille femme.
La reine sourit à la mère apeurée, lui proposa de s'asseoir près d’elle et lui demanda comment elle a connu le puits qui permettait d’arriver au palais.
_ « C'est mon certainement notre fils qui a trahi notre secret et le lui a dit », répondit le roi, l'air très en colère.
Mais la reine le calma et se retournant vers l'une de ses dames, dit:
_ « Amenez ici l'autre enfant. »
Alors une servante fit venir un bébé et le plaça dans les bras de sa mère.
_ « Prenez-le », dit la reine, « C’est votre propre enfant, que nous avons enlevé car il était si beau et le garçon que vous avez à la maison est à moi, c’est un petit lutin. Mais, je veux qu’il revienne près de moi et j'ai envoyé un de mes hommes pour l'amener ici. Vous, vous pouvez retourner chez vous en emmenant votre propre enfant. Vous y vivrez en toute sécurité, car pour vous remercier d’avoir nourri mon bébé, les fées lui accordent leur bénédiction pour toujours. Avant de partir, il faut que vous sachiez aussi que l'homme qui vous a battu n'était pas du tout votre mari, mais notre messager, que nous avions envoyé pour changer les enfants, et qui a pris l’apparence de votre mari. Alors maintenant, retournez chez vous et vous trouverez votre vrai mari chez vous qui vous cherche et vous attend nuit et jour ».
Sur ce, la porte s'ouvrit et l'homme qui l'avait battue entra; et la mère tremblait de peur. Mais l'homme rit et lui dit de ne rien craindre, mais de manger ce qui serait placé devant elle, puis d’aller en paix.
Alors ils l’ont conduite dans une autre salle, où il y avait une table couverte de plats en or, de belles fleurs, et des verres de cristal.
_ « Mangez », ont-ils dit; « ce festin a été préparé pour vous. Quant à nous, nous ne pouvons pas le toucher car la nourriture a été saupoudrée de sel, à la mode des humains. Et nous nous ne pouvons pas approcher ce sel. »
La jeune mère mangea et bu, et jamais de toute sa vie elle n’avait eu devant elle des plats aussi beaux et bons. Et comme après le dîner, elle se levait et croisait les mains pour rendre grâce à Dieu, ils l'ont arrêtée en lui disant :
_ « Silence! Ce nom ne doit pas être prononcé ici. »
Un murmure de colère s’éleva dans la salle. Et à ce moment-là, on entendit une belle musique. La pauvre mère fut hypnotisée par cette musique et est tombée à terre comme une morte. Et quand elle est revenue à elle, il était midi et elle se tenait à la porte de sa propre maison.
Son mari sortit, la prit par la main, et la fit entrer.
Elle y trouva son enfant, plus beau que jamais, aussi beau qu'un jeune prince.
_ « Où avez-vous été pendant tout ce temps? » demanda le mari.
_ « Cela fait seulement une heure que je suis partie, chercher mon enfant, que les fées m'avait volé », répondit-elle.
_ « Une heure! » dit le mari « Tu as disparu depuis trois ans ainsi que ton enfant! Et quand je suis parti à ta recherche,j’ai trouvé une pauvre chose malade déposée dans le berceau. Une chose pas plus grosse qu'un champignon, et j’ai tout de suite compris que c'était un lutin, et je ne savais pas comment m’en débarrasser. Mais ,heureusement, un jour, un tailleur passa et s'arrêta pour se reposer; et quand il regarda attentivement l'enfant qui dormait dans le berceau, la chose difforme se redressa tout droit dans le berceau, et a crié :
_ « Arrête de me regarder et donne-moi plutôt quatre pailles pour jouer de la musique. »
_ « Et le tailleur lui a donné les pailles. Et quand il les a eues, l'enfant a joué une musique si douce, comme s'il jouait de la flûte, que toutes les chaises et les tables ont commencé à danser; et quand il fut fatigué, il est tombé dans le berceau et s'est endormi.
_ « Je vois, dit le tailleur, que cet enfant n’est pas un être normal; Si vous le voulez, je vais vous dire comment vous en débarrasser. Commencez par faite un grand feu».
Alors nous avons fait du feu, Puis le tailleur a fermé la porte et a sorti la petite chose misérable du berceau et l’a jetée dans le feu. Et dès que les flammes l'ont touché, il a crié à haute voix, s’est envolé dans la cheminée et disparu. Tout ce qui lui appartenait a brûlé, et j’ai su, alors, que tu me reviendrais avec notre beau garçon.
A partir de ce jour l'homme et sa femme vécurent heureux et l'enfant grandit et prospéra, et était beau à regarder et heureux dans sa vie car il était protégé par les bénédictions des fées qui lui donnaient santé, richesse et prospérité, comme la reine des fées avait promis à sa mère.
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