l’enfant qui pleure
Milizac
Armanel - conteur
L’église de Milizac, comme beaucoup d’églises dans le nord Finistère, est entourée par son cimetière. Cela permettait aux paroissiens de se recueillir sur la tombe de leurs défunts régulièrement, du moins pour ceux, fidèles, qui se rendait à la messe tous les dimanches. La coutume bien établie était de jeter un rapide coup d’œil avant de pénétrer dans l’église pour s’assurer que tout allait bien, puis de se rendre « sur la tombe » des chers disparus après l’office pour y effecteur quelques menues tâches comme de remettre en place les fleurs qui avaient été bousculées par le vent.
Il faut reconnaître que cette tâche était surtout dévolue aux femmes tandis que les enfants couraient entre les tombes et que les hommes se rendaient à l’auberge. C’était aussi une occasion comme une autre d’échanger quelques mots avec les « voisines de cimetière » et de connaître ainsi les dernières nouvelles.
Une femme de Kroas ar Roue, dont le fils faisait son service militaire dans la Marien discutait donc avec sa voisine. Elle lui apprit, entre autres, que son fils avait embarqué en direction de la Tunisie. Alors qu’elle évoquait son fils, les deux femmes entendirent les sanglots d’un enfant qui semblait s élever entre les tombes. Elles regardèrent autour d’elles et ne virent aucun jeune enfant dans le cimetière.
Rentrée chez elle, la femme raconta sa mésaventure à la maisonnée au cours du repas. Comme cet évènement n’avait eu aucune conséquence fâcheuse, on passa à autre chose et il fut vite oublié.
Une semaine plus tard, Monsieur le Maire en personne se rendit à Kroas ar Roue pour annoncer une bien triste nouvelle : Le fils qui faisait son service militaire venait de se noyer en Tunisie. A la demande des parents, il précisa la date de l’accident fatal ; cela s’était passé le dimanche précédent en fin de matinée.