Hélène Jégado

Armanel _ conteur

 La jeune Hélène, née en 1803, est une enfant choyée élevée dans la petite ferme d'une famille de cultivateurs pauvres. Pendant son enfance elle est nourrie des légendes de la Basse-Bretagne, et est traumatisée par le personnage de l'Ankou, dont elle va finir par croire  être l'incarnation.
A la mort de sa mère, en 1810, elle est confiée à une tante domestique dans un presbytère de Bubry, et elle devient elle-même domestique.
Ensuite elle sera également cuisinière dans plusieurs villes (Séglien, Auray, Bubry, Hennebont, Locminé, Lorient, Pontivy et Rennes), un emploi idéal pour empoisonner à l'arsenic les plats de ses victimes qui seront:

- des clients d'un bordel militaire de Port-Louis (où elle travaille comme prostituée),
- des maîtresses de maison,
- des curés,
- des bonnes sœurs,
- des enfants.

Sa série de crimes s'arrêtera à Rennes, après les meurtres  d'une servante et de deux gouvernantes de son employeur l'avocat Théophile Bidard de la Noë, qui nourrissant des soupçons, décide d' enquêter sur sa vie.


Son exécution sur le Champ de Mars à Rennes met fin à une carrière criminelle de dix-huit ans, passée inaperçue car à cette époque la région était victime d'épidémies de choléra dont les symptômes sont proches de ceux de l'empoisonnement à l'arsenic. De plus Hélène  ne volait pas ses victimes et les familles où elle travaillait refusaient les autopsies des corps.
Le nombre exact de ses victimes est impossible à déterminer (environ 40), car la plupart de ses crimes avaient été commis plus de dix ans avant son procès. iIs étaient donc couverts par la prescription légale de dix ans. Son procès écarta donc 21 empoisonnements et 5 tentatives d'empoisonnement.
Mais si elle ne volait pas, elle avait pour habitude de conserver des fétiches de chacun de ses forfaits et on peut raisonnablement penser qu'elle a tué une soixantaine de personnes, y compris la petite Marie Bréger à Plœmeur en mai 1841, dix ans et un mois avant son arrestation.

L'acte d'accusation comporte cinq empoisonnements et cinq tentatives d'empoisonnement, ainsi que onze  vols domestiques.
Le procès qui s'ouvre devant la Cour d'assises d'Ille-et-Vilaine le 6 décembre 1851 se termine par la condamnation à mort le 14 décembre après plus d'une heure de délibération. La plaidoierie finale de Me Magloire Dorange, jeune avocat de 24 ans commis d'office et dépassé est un plaidoyer contre la peine de mort.
Hélène avouera ses meurtres à l'abbé Tiercelin pendant une confession donnée la veille de son exécution. Elle autorise à rendre ces révélations publiques après son décès mais ces dernières se révèlent peu fiables car Hélène oublie certains crimes et en rajoute d'autres.

Le procès ayant eu lieu juste après le coup d’État de Napoléon III le 2 décembre, il a eu peu de retentissement dans les journaux nationaux.

Hélène Jégado est guillotinée en 1852.

Si la culpabilité d'Hélène Jégado n'a jamais été mise en cause, plusieurs raisons ont été proposés sans convaincre, aucune explication raisonnable n'a pu être donnée à son encontre.

Sa méthode était simple : cuisinière (presbytères et maisons bourgeoises), elle rajoutait de la « poudre blanche » (arsenic) dans la soupe ou les gâteaux qu'elle préparait.