Armand Tuffin de La Rouërie
Armanel - conteur
Armand-Charles Tuffin, marquis de La Rouërie est né le 13 avril 1751 à Fougères et mort le30 janvier 1793.
C’est un militaire français, héros de la guerre d’indépendance américaine.
La Rouërie part en Amérique où Il participe à la guerre d’indépendance au sein de l'armée continentale. Il se distingue à la tête de la 1re légion de dragons et participe activement à la bataille de Yorktown sous le nom de Colonel Armand.
De retour en Bretagne, il défend le parlement de Bretagne contre les édits de Versailles.
Il sera enfermé à la Bastille le 14 juillet 1788.
Royaliste libéral et franc-maçon, La Rouërie rallie la contre-révolution à la suite de la suppression des lois et coutumes particulières de la Bretagne. Il crée l'Association bretonne afin de lever une armée contre les révolutionnaires.
1 _ Jeunesse
Armand-Charles Tuffin de La Rouërie, est le fils d'Anne Joseph Jacques Tuffin de La Rouërie et de Thérèse de La Belinaye.
Il nait à Fougères, le 13 avril 1751 et est l'aîné d'une fratrie de quatre enfants ; Gervais, Charles-Louis et Renée qui meurt en bas âge.
Armand est âgé de 3 ans quand son père décède, en 1754, à l’âge de 29 ans.
Destiné à embrasser la carrière militaire, il a un maître d'armes, un maître d'équitation et également un maître de danse. De plus, on lui apprend le latin, l'anglais et l'allemand.
Mais déjà tout jeune, il révèle son caractère bagarreur.
En 1766, sa famille lui achète un brevet d'enseigne au régiment des Gardes Françaises. Alors âgé de 15 ans, il part pour Paris et prend son service à Versailles.
En novembre 1766, il se rend à l'Académie de musique où il force la loge de Mlle Beaumesnil et lui déclare qu'il l'aime. Mais elle est entretenue par un galant, M. de La Belinaye, qui est l’oncle d'Armand de La Rouërie.
Avec l'aide d'une échelle La Rouërie parvient à pénétrer chez Mlle Beaumesnil. Lorsque La Belinaye arrive et découvre l'échelle restée posée sous la fenêtre il rompt sa liaison avec Mlle Beaumesnil.
Réconcilié avec son oncle, La Rouërie finit par devenir l'amant de Mlle Beaumesnil avec qui il a un fils .
Cette vie frivole dure quelques années. Au cours d'un duel, en raison d'une dispute portant sur la cuisson d'un poulet, il blesse grièvement le comte de Bourbon Busset. Cet événement provoque la colère du Roi Louis XVI, qui menace de faire pendre le marquis. La Rouërie démissionne des Gardes-Françaises et s'exile à Genève jusqu’à ce que le Roi consente à ce que La Rouërie puisse revenir en France, sur ses terres.
2 _ La révolution américaine
Le 13 avril 1777, le Morris arrive dans la baie du Delaware. Les tirs anglais endommagent fortement le Morris qui s'échoue. La Rouërie prend place dans une chaloupe qui est renversée par une vague et tous ses occupants doivent gagner la rive à la nage.
Après quelques jours de marche, La Rouërie arrive à Philadelphie et propose ses services dans l'armée continentale. La Rouërie déclare également qu’il ne souhaite garder que son nom de baptême, c'est pourquoi il sera connu sous le surnom de Colonel Armand.
Le Colonel Armand
La Rouërie arrive à Morristown, dans le New Jersey, où le général Washington a rapidement une bonne opinion du jeune colonel :
Confirmé dans son grade de colonel, La Rouërie doit cependant passer sous les ordres du major Nicholas Dietrich Ottendorf, commandant d'un corps franc d'infanterie a qui il reproche ses mœurs de pillard.
Washington lui donne raison et La Rouërie prend la tête du corps franc.
Première campagne
En juin 1777, la bataille de Short Hills, qui se termine par une défaite pour les Américains, est le baptême du feu de La Rouërie qui parvient à sauver un canon, arme précieuse pour les Américains. Washington le félicite pour son courage.
La Rouërie s'attache à réorganiser sa troupe composée de fantassins et de dragons (1er bataillon de la légion de partisans).
La Rouërie est persuadé que les armées américaines ont besoin d'une cavalerie puissante, mais ses vues divergent de celles de Washington.
Le 24 août 1777, l'armée défile à Philadelphie. Mais les Anglais contre-attaquent, et le 11 septembre se livre la bataille de Brandywine. La défaite des patriotes livre Philadelphie aux Britanniques. Les troupes américaines, dont le moral est au plus bas, doivent battre en retraite sur Valley Forge pour passer l'hiver.
Le 25 novembre, à la bataille de Gloucester, La Rouërie a son cheval tué sous lui. La Rouërie et La Fayette sont les deux seuls officiers français de haut rang dans l'armée américaine.
Les 5 et 8 décembre se déroule la bataille de White Marsh. La Rouërie y combat sous les ordres du général Casimir Pulaski. La succession des combats a toutefois décimé la troupe d'Armand, et La Rouërie passe l'hiver à Valley Forge à essayer de reconstituer sa troupe.
La légion Armand
Au printemps 1778, La Rouërie obtient l'autorisation du Congrès de créer une légion de « Chasseurs libres et indépendants » forte de 452 hommes et 14 officiers, placée sous ses ordres et prise en charge financièrement par le Congrès.
Le corps d'Armand est composé de dragons à cheval et de fantassins légers. La Rouërie n’a à ce moment que 300 hommes.
La campagne de New York
Au mois d'août 1778, La Rouërie reçoit l'ordre de Washington de quitter Valley Forge pour se porter sur New York.
L'armée anglaise occupe New York. Les troupes américaines se trouvent à l'ouest de la ville.
En août 1779, La Rouërie est chargé de capturer le colonel John Graves Simcoe au moment où celui-ci s'apprêtait à couler des navires américains.
L’action la plus notable de La Rouërie est le raid de Westchester.
La Rouërie apprend que Baremore est à cinquante kilomètres de sa position. Armand entame une longue chevauchée avec ses dragons.
Le lendemain du départ, peu avant l'aurore, la légion Armand traverse les lignes britanniques.
La Rouërie laisse le gros de sa troupe sur un pont afin d'assurer sa retraite. Puis, il parcourt 8 kilomètres en territoire anglais accompagné de seulement 22 dragons. Ils surprennent Baremore en plein sommeil.
De retour au camp , ils sont accueillis triomphalement par les soldats américains.
Le 2 décembre, au cours d'un nouveau raid, il capture le capitaine Cruzer.
La campagne du sud
Depuis longtemps Armand souhaitait se voir accorder le grade de général. Aussi il fait savoir à Washington qu'il accepterait volontiers de servir sur un autre front :
Washington décide de renforcer l'armée du Sud avec les régiments du Delaware et du Maryland, ainsi qu'avec la légion Armand.
Le général Casimir Pulaski a été tué le 11 octobre 1779. Le Congrès décide d'incorporer le reste de la légion Pulaski à la légion Armand.
La bataille de Camden
Le 25 juillet 1780, l'armée du sud passe sous les ordres du général Gates.
L'armée britannique se trouve à Camden en Caroline du Sud.
Le 15 août, les Américains sont en vue de Camden. L'offensive est prévue pour la nuit. Les dragons de La Rouërie sont placés en première ligne, flanqués de deux colonnes d'infanterie.
A 22 heures, les colonnes se mettent en mouvement. La Rouërie est au centre avec la cavalerie. Mais à deux heures du matin, les dragons anglais forcent les Américains à battre en retraite.
L'attaque surprise de nuit a échoué, aussi le lendemain Gates choisit de lancer une nouvelle attaque. Cette fois-ci La Rouërie est placé en réserve avec ses hommes. A la vue des fusiliers anglais chargeant à la baïonnette, les Américains paniquent et prennent la fuite. La Rouërie attaque alors avec ses dragons, et force la cavalerie anglaise à se regrouper.
La bataille de Camden est un véritable désastre. Du côté américain les pertes sont extrêmement lourdes : 250 hommes tués, contre 64 pour les Anglais. La légion Armand est décimée.
Difficultés de la légion
Après la bataille de Camden, on a cru que La Rouërie avait été tué.
Washington confirme qu'il garde toute confiance en La Rouërie.
La légion Armand est complètement désorganisée.
La Rouërie ne peut plus subvenir seul aux besoins de sa légion, il décide de s'embarquer pour la France, et d'en rapporter les équipements et les vêtements qui sont nécessaires à la légion. Au mois de février 1781, il fait le voyage avec le colonel John Laurens chargé de négocier une aide financière auprès du roi Louis XVI.
Voyage en France
La Rouërie arrive à Versailles en avril 1781. Il avait demandé et obtenu de Washington un certificat de ses états de services en Amérique qui sont comptés comme s'ils avaient été au service de la France et le roi le fait chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.
La Rouërie propose au ministère de la Guerre la formation d'une légion française au sein de l'armée américaine dont il aurait le commandement.
Le ministère de la Guerre donne une réponse négative.
Mais le but principal de La Rouërie est de se procurer l'équipement nécessaire pour réarmer sa légion. Pour cela, il doit s'endetter et mettre ses terres en gage.
Fin juin 1781, La Rouërie embarque à Brest.
Cantonnements à Charlottesville et York
La victoire de Yorktown ne met pas fin immédiatement à la guerre mais les affrontements se raréfient et se limitent à quelques escarmouches.
La légion Armand prend ses quartiers à Charlottesville et y reste six mois. La Rouërie finit par reconstituer sa légion au bout de quelques mois.
En juin 1782, La Rouërie reçoit l'ordre de s'établir à York, en Pennsylvanie.
Promotion au grade de général
Au début de 1783, le colonel Armand sert toujours dans l'armée américaine.
Le corps expéditionnaire français a rembarqué pour la France à la fin de l'année 1782 et La Fayette était reparti peu de temps après le siège de Yorktown.
Le 26 mars 1783, La Rouërie est promu au grade de brigadier-général.
La Rouërie se propose à continuer son service dans l'armée américaine, il souligne son attachement à la forme du gouvernement républicain ( lui qui va devenir un des chefs de la contre-révolution en France).
La fin de la guerre
Le 3 septembre 1783 la guerre d'indépendance américaine prend officiellement fin.
Le 3 novembre 1783, la légion Armand est licenciée.
La Rouërie s'embarque au printemps de l'année 1784 pour la France et débarque à Nantes le 29 août 1784
3_ Retour en France
La Rouërie rapporte de son voyage des tulipiers de Virginie et un singe qu'il avait adopté.
Criblé de dettes La Rouërie décide de régler ce problème par un mariage. Il épouse Louise Caroline Guérin de Saint-Brice le 27 décembre 1785.
Louis XVI le nomme colonel d'un régiment de Chasseurs à pied, mais La Rouërie refuse, parce qu'il voudrait conserver le prestige d'un régiment de cavalerie.
Son épouse, Madame de La Rouërie souffre d'une tuberculose pulmonaire. Elle se met en route pour les Pyrénées, mais il apprend la mort de son épouse, le 18 juillet 1786, peu de temps après son arrivée à Cauteret.
Lutte entre Versailles et le Parlement
Une querelle commence à opposer la Cour de Versailles, à la noblesse bretonne. La Rouërie prend fait et cause pour les parlementaires.
Le 8 mai 1788, le Roi a fait passer les édits de Brienne qui annulent les pouvoirs des Parlements. Mais le Parlement de Bretagne refuse d'appliquer ces édits qu'il estime contraires au traité d'Union de la Bretagne à la France de 1532.
Antoine François Bertrand de Molleville, intendant de Bretagne, se présente à Rennes pour faire enregistrer les édits au Parlement. Les Rennais élèvent alors des barricades.
La troupe est envoyée pour rétablir l'ordre, mais certains officiers, eux-mêmes bretons, répugnent à réprimer.
La noblesse des États de Bretagne décide d'envoyer une députation de douze nobles bretons à Versailles, dont de La Rouërie.
Dans la soirée du 14 juillet 1788, les députés bretons sont enfermés à la Bastille.
Le 25 août 1788, le retour en Bretagne, est un triomphe. Par son action et son embastillement, La Rouërie gagne une très grande popularité en Bretagne.
Les États de Bretagne sont convoqués en décembre 1788.
Le 26 janvier, Jean Victor Marie Moreau, (qui va créer le Club breton), organise un coup de main. En empêchant les nobles de sortir, les étudiants entendent les forcer à accepter les revendications du Tiers état.
Le 27 janvier, les nobles font une sortie, La Rouërie est le premier à faire irruption hors du couvent, l'épée hors du fourreau.
Après cette journée, La Rouërie se retire quelque temps à Paris.
La date d'ouverture des États généraux approche et La Rouërie songe à se faire élire député.
La Rouërie avait fait tout son possible pour faire changer d'avis la Noblesse bretonne qui refuse de siéger, mais en vain.
La Rouërie qui était libéral aux États-Unis, reste farouchement royaliste en France.
Pendant toute l'année 1790, La Rouërie tente de lutter contre l'émigration des nobles, mais sans grand succès.
La Rouërie s'embarque à Saint-Malo pour l'Angleterre lors du mois de mai 1791, d’où il se rend à Ulm où il est reçu par le comte d'Artois (frère du roi).
Après avoir reçu du comte d'Artois un document signé qui confirme son accord sur la création de l'Association bretonne, il arrive à Paris le 25 juin 1791, soit le jour même du retour du roi après la nuit de Varennes.
L'Association bretonne
Au départ, une « Association simplement défensive des honnêtes gens contre les attroupements de factieux, brigands ou malfaiteurs», l'association se militarise au début de l'année 1792.
De retour en Bretagne, La Rouërie exhibe le pouvoir octroyé par le comte d'Artois.
Par la suite, l'association reçoit le soutien du comte de Provence, qui avait également émigré.
La Rouërie s’attelle ensuite à l'organisation de l'association.
La Rouërie trouve un appui auprès de la population bretonne, très hostile à la Constitution civile du clergé.
La Rouërie dénonce la suppression des États de Bretagne, un accroissement de la pauvreté et une augmentation des impôts désormais trois fois plus élevés.
Le 20 avril 1792, le royaume des Français déclare la guerre à l'archiduché d'Autriche et au Saint-Empire qui reçoivent le soutien du royaume de Prusse et de l'Armée des émigrés ; la Première Coalition contre les Révolutionnaires est formée.
L'Association bretonne est prête pour le combat, ses effectifs sont alors forts de 10 000 soldats.
La Rouërie présente son Association comme purement défensive dont le but est de se protéger d'éventuels brigands.
Mais le 27 mai 1792, un rassemblement de centaines de personnes a lieu au château du marquis.
Le 31 mai, 400 soldats républicains sont détachés vers le château du marquis. Mais le château est vide, hormis quelques domestiques et le singe du marquis.
Près de la forêt de Misedon, se trouve le château Launay-Villiers.
Cette forêt était le repaire de Jean Cottereau, dit Jean Chouan et ses compagnons qui se révoltent le 15 août 1792 contre les révolutionnaires.
La Rouërie est resté trois mois à Launay-Villiers et ne pouvait ignorer les troubles qui secouaient la Mayenne à ce moment-là.
Les guerres de la Révolution française
Vers la fin du mois d'août, une lettre annonce l'offensive prochaine en France des armées de la coalition.
La Rouërie fait diffuser la nouvelle à tous les comités. Il fixe la prise d'armes pour 10 octobre.
Le 19 août 1792, après avoir repoussé l'offensive des révolutionnaires, les troupes prussiennes et autrichiennes entrent en France.
Danton est averti du danger que représente l'Association bretonne.
L'avancée des forces de la coalition semble alors irrésistible.
Le soulèvement est imminent, La Rouërie fait placarder des affiches dans les villes et les villages.
La Rouërie reçoit les nouvelles de la victoire des Révolutionnaires, le 20 septembre, à Valmy, située à seulement 35 kilomètres de Châlons.
Le 22 septembre, la monarchie est renversée et la République proclamée.
La date de l'insurrection est reportée pour le 10 mars 1793.
La Rouërie doit entrer en clandestinité.
La Rouërie, proscrit, erre dans les campagnes de Bretagne. Il adopte le nom de Gasselin.
Le 12 janvier 1793, La Rouërie va trouver refuge au château du Marquis de La Guyomarais qui est membre de l'Association bretonne.
La Rouërie tombe malade (pneumonie) le 19 janvier.
Le 24 janvier, la garde nationale de Lamballe opère une descente sur le château de la Guyomarais. Avertis par un voisin, les Guyomarais cachent La Rouërie et les républicains ne découvrent rien.
La Rouërie meurt le 30 janvier 1793, à quatre heures et demie du matin.
Le 31 janvier, le corps de La Rouërie est enterré en secret.
Le 25 février, le corps du marquis de La Rouërie est exhumé, et décapité.
Le corps de La Rouërie est ensuite remis en terre. Sa tête est récupérée et cachée.
La Chouannerie
La date prévue du soulèvement de l'association bretonne était le 10 mars 1793, cependant les survivants de l'association ne songent pas reprendre les armes.
Mais une insurrection a tout de même lieu en mars 1793.
Les paysans révoltés se donnent le nom des premiers insurgés de Mayenne : les Chouans.
Ils choisissent des militaires et des nobles pour chefs, la plupart anciens membres de l'Association bretonne.