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Adam Bell  
Ecosse _ Dumfries

Proposé par Lord Blackwood _ Lanarkshire
Traduit par Armanel-conteur

Je vais déroger un peu, mais très peu, à la série d’intersignes déjà publiés sur le site.

L’intersigne que vous allez lire ne se passe pas en Bretagne, mais en Écosse.


Annandale se trouve a mi-chemin entre Caerlaverock et Lanark, dans le Dumfriesshire (sud ouest de l’écosse).


Adam Bell possédait une des plus grandes propriétés du district d’Annandale. Il avait perdu son père alors qu’il n’était encore qu’un enfant, et sa mère mourut quand il atteignait sa vingtième année, le laissant unique héritier des propriétés et d’une immense fortune qu’elle avait patiemment amassée, pour lui, durant sa minorité.

Adam Bell était un jeune homme de grande taille, de belle prestance et très athlétique. Il adorait tous les sports physiques ; les luttes et les duels. C’était le meilleur cavalier, le meilleur tireur et le meilleur duelliste de tout le comté. Il ne ratait jamais une occasion de se vanter de ses capacités et de ses exploits, et ne rêvait que de se retrouver à la guerre car il ne trouvait personne à qui se mesurer aux alentours.

A l’automne 1745, il décide de rejoindre l’armée de libération de Charles Edouard Stuart à Gladsmuir (Prestonpans, à l’ouest d’Édimbourg) à 100 kilomètres de chez lui. Après avoir préparé son équipage, il donna ses ordres et directives à ses serviteurs, et partit en précisant bien qu’il risquait d’être absent pendant un temps long.

Mais un matin, à peine quelques jours après son départ, sa gouvernante le vit entrer par la porte de la cuisine et passer devant elle sans la regarder. Il portait le long manteau qu’il avait endossé lors de son départ, le même chapeau sur sa tête et tenait dans sa main le fouet dont il ne se séparait jamais. Lorsqu’elle le vit, la gouvernante ne put s’empêcher de pousser un cri de surprise. Mais reprenant rapidement ses esprits, elle s’adressa à lui :

_  «  Finalement, vous n’êtes pas parti bien longtemps, Sir »

Adam Bell ne répondit pas, mais se dirigea, tête baissée, vers sa chambre, sans se dépouiller de son grand manteau. Puis, il se tint là, immobile, tournant le dos à sa gouvernante. Celle-ci lui demanda s’il désirait qu’elle allume un feu dans la cheminée, mais il ne fit aucune réponse.

Perplexe la gouvernante retourna dans la cuisine. Au bout de cinq minutes, elle vit Adam Bell sortir de sa chambre, traverser la cuisine et se diriger vers la rivière Kinnel, dont les berges sont profondes et boisées. Et là, il disparut à sa vue.

La gouvernante revint en courant à la maison afin d’alerter les hommes et les serviteurs et leur raconter ce qu’elle venait de vivre. Sur son chemin elle rencontra un laboureur. Elle lui dit que le maître était revenu à la maison, mais qu’il avait certainement perdu la raison car il errait de pièce en pièce et ne répondait jamais à ses questions. Le laboureur détacha son attelage, et accompagna la femme à la maison du maître. Arrivé là, il lui fit répéter à plusieurs reprises ce qu’elle avait vu. Après avoir longuement réfléchi, il lui dit qu’elle avait du rêver, car le cheval du maître n’était pas dans l’écurie. Mais devant l’obstination de cette dernière, il fit le tour des villages et des fermes environnantes afin de savoir si quelqu’un avait vu passer le maître. Mais toutes les réponses furent négatives. On finit par conclure que la gouvernante avait vu une apparition et quelque chose au maître. Une chose semblait certaine ; elle n’avait pas vu un fantôme, car les fantômes n’apparaissent que la nuit, et que c’était peut-être un bon présage.

Les discussions allaient bon train, et toutes les suppositions étaient envisagées. Lorsque la nouvelle de la défaite de Gladsmuir fut connue, on déclara qu’il avait certainement fui vers le nord avec le prince Charles Stuart. Mais il apparut, rapidement, qu’Adam Bell n’avait jamais rejoint l’armée. Les jours passèrent, puis les semaines et les mois, sans aucune nouvelle du maître.

Son plus proche parent était sa cousine qui, avec l’aide son mari, décida de faire fructifier ses affaires. Les années passèrent, et devant l’absence de nouvelles on en fut réduit à deux suppositions : Soit il était mort en chemin en allant rejoindre l’armée, soit il était vraiment revenu chez lui et s’était noyé dans la rivière Kinnel.



Au moment exact où se passaient ces évènements, un gentleman-farmer du nom de M’Millan ( qui vivait à Musselburgh _ à mi-route entre Édimbourg et Prestonpans) s’était rendu à Édimbourg pour affaires. Dans la soirée, il s’est rendu chez un ami qui vivait près de Holyrood House pour y passer la nuit. Ils passèrent la soirée ensemble et quand il alla se coucher il se sentait fiévreux. Vers le milieu de la nuit, il se sentit encore malade et, n’arrivant pas à dormir, il se leva et décida de sortir marcher un peu. Il s’habilla et, pour ne pas déranger la famille, sortit par la porte arrière qui donnait sur Anthony’s Garden.

C’était un soir de pleine lune et on y voyait presque comme en plein jour. Alors qu’il entrait dans le jardin, il vit un home de grande stature, portant un grand manteau boutonné jusqu’au col et un bonnet, entrer par le portail opposé. Prudent, M’Millan se cacha à l’ombre des arbres et observa l’homme.

L’homme marchait de long en large et semblait impatient, regardant sa montre sans arrêt. Puis un autre homme, portant lui aussi un grand manteau boutonné jusqu’au col, passa par le même portail. Sans échanger un seul mot, ils se sont salués, ont enlevé leurs manteaux, ont dégainé leurs épées et se sont lancés dans un duel endiablé.

L’homme de grande stature dominait son adversaire et le faisait reculer quand un nuage voila la lune. Profitant de l’obscurité, son adversaire fondit sur lui et transperça sa poitrine. L’homme de grande stature tomba immédiatement au sol et expira presque immédiatement.

M’Millan était pétrifié d’horreur et craignant pour sa vie, resta caché immobile.

Le vainqueur du duel nettoya son épée, ramassa le bonnet de son adversaire, couvrit le cadavre avec un des grands manteaux, revêtit l’autre et s’en alla paisiblement.

M’Millan retourna silencieusement dans sa chambre sans réveiller son hôte. Il ne savait que faire, mais au petit matin, inquiet d’être accusé de quoi que ce soit, il décida de ne rien dire de son aventure nocturne. Pendant le déjeuner, l’annonce du décès est arrivé aux oreilles de son hôte qui l’obligea à se rendre avec lui sur les lieux du crime. M’Millan vit que le cadavre était celui d’un homme jeune, brun, avec un beau visage. Il n’y avait aucun indice ( lettre, livre, bagues, signature, etc.) qui puisse donner une indication sur son identité. On ne trouva que son épée portant les lettres A et B bravées sur le pommeau.

Le corps fut porté à la morgue où il resta huit jours et où beaucoup de personnes vinrent l’examiner. Mais personne ne reconnut le défunt qui fut enterré dans la fosse commune de Greyfriars churchyard.

Seize ans plus tard, M’Millan se rendit à Annandale pour acheter des moutons. Il entendit parler de la disparition de Adam Bell et raconta tout ce qu’il savait du duel.

Tout ( la date du duel, la description du défunt, les vêtement portés, et par dessus tout l’épée gravée aux initiales A et B) permit de savoir, enfin, ce qu’il était advenu d’Adam Bell.